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24 avril : 34 ans après la fin du parti unique et l’annonce du multiculturalisme par Mobutu, la RDC demeure toujours dans « la boue »

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Ce 24 avril 2024, la République démocratique du Congo commémore le 34e anniversaire depuis qu’elle a été engagée dans le processus de démocratisation après plus de 25 ans de règne sans partage du président Mobutu. C’était exactement le 24 avril 1990 que les Congolais ont finalement été autorisés à créer des partis politiques et d’adhérer à ceux de leur choix. Peu avant, c’était le MPR, le Mouvement populaire de la révolution qui était le parti unique, le parti État, le parti de tout Congo. De gré ou de force, tout citoyen était considéré comme membre du MPR. Aujourd’hui, 34 ans après, le Congo compte plus de 500 partis politiques sans citer les regroupements.

Mais, comment en sommes-nous arrivés là? Le 24 avril 1990, le maréchal Mobutu, sous les larmes, annonce le début du multipartisme et la fin du parti unique, le MPR, devant de nombreux ministres, magistrats, généraux et parlementaires. Vêtu en uniforme noir, le président du Zaïre affirmait qu’il avait décidé, « seul, devant sa conscience de tenter l’expérience du pluralisme politique dans le pays avec à la base, le principe de la liberté pour chaque citoyen d’adhérer à la formation politique de son choix. »

« Je vous annonce que je prends ce jour congé du MPR pour lui permettre de se choisir un nouveau chef devant conduire… » (silence de quelques secondes du Maréchal, suivi d’un regard presque suppliant en direction de l’assistance et qui s’achève par la mythique phrase : « Comprenez mon émotion » sous les applaudissements de la salle.

Mobutu qui menait une politique de la terreur avait été contraint de démocratiser le Zaïre contre sa volonté. D’une part, il y eut une pression interne terrible de voir le Congo quitter la dictature comme d’autres États africains. Déjà, en 1982, l’UDPS d’Étienne Tshisekedi venait d’être créée par les 13 parlementaires qui ne voulaient plus voir le Zaïre être sous la domination d’un homme. Puis, d’autres blocs commençaient déjà à se former pour mettre pression sur le maréchal.

Aussi, il y avait une pression extérieure. D’abord, après 25 ans de règne, Mobutu n’était plus en odeur de sainteté avec certains dirigeants occidentaux qui le soutenaient depuis sa prise de pouvoir en 1965. Aussi, en 1989, avec la fin de la guerre froide entre les États-Unis et l’URSS, un nouveau vent a commencé à souffler dans le monde, le vent du changement, la fin de pires dictatures. La fin de la guerre froide et même la chute du mur de Berlin devraient obligatoirement changer le cours de l’histoire. Les plus grands dictateurs comme Mobutu savaient déjà qu’ils n’allaient pas échapper à ce changement qui s’opérait à travers le monde. Par exemple, en 1989, le soir de Noël, l’ami de Mobutu, un dictateur roumain, venait d’être exécuté avec son épouse après un procès expéditif. Au regard de cette évolution des faits, sans plus beaucoup de soutien en Occident, Mobutu fut alors contraint de déclarer sans le vouloir le début de la démocratie au Zaïre pour éviter d’être lynché par son propre peuple ou encore d’être poussé à la porte par les puissants du monde.

C’est peut-être d’ailleurs pour cela que les larmes versées par le maréchal le 24 avril 1990 ont toujours été considérées comme des larmes de crocodile, car il n’était pas sincère dans sa démarche. Mais, il faut noter que par ses larmes et sa phrase « comprenez mon émotion », Mobutu regrettait de voir qu’une grande partie de son pouvoir lui échappait désormais et que la suprématie de son empire allait peu à peu en train de s’écrouler. D’ailleurs, le soir même du 24 avril 1990, sans attendre, les Zaïrois avaient brisé plusieurs interdits que Mobutu avait déjà imposés, comme les cravates ou encore le port des pantalons pour les filles ainsi que d’autres vêtements interdits sous le MPR. C’était donc le début de la liberté pour le Congolais mais, par contre, la chute progressive de Mobutu.

34 ans après, où en est-on ? D’entre de jeu, il faut avouer que l’avènement du multipartisme a permis aux Congolais d’être libres, de se réunir, de prier, de critiquer les gestionnaires du pouvoir, de manifester, etc. Bref, de se sentir libres. Aujourd’hui, plus de 30 ans après, près de 1000 partis politiques, expression d’une véritable démocratie, se sont créés au Congo. Mais, cela a-t-il permis à la RDC de se réveiller de ses cendres et de s’engager sur la voie du développement ?

Car, plus de 30 ans, on est en droit de se demander si la RDC était prête pour la démocratie et si les Congolais comprenaient bien ce que c’est la démocratie. Bien que le multipartisme soit un principe indispensable parmi tant d’autres de la démocratie, les citoyens congolais ont fait du parti politique une société commerciale que tout le monde peut créer en vertu du libéralisme démocratique.

Du coup, au lieu que la démocratie devienne la force motrice pour faire du Congo un État différent, elle est devenue source de désordre, de sorte qu’elle impacte même négativement le développement du pays.

Ces derniers jours, la République démocratique du Congo est devenue une nation des autorités morales, c’est-à-dire ces responsables des partis politiques qui se servent du peuple comme des tremplins pour accéder au pouvoir et y tirer largement des bénéfices politiques au détriment du même peuple. 34 ans après, en se retournant dans sa tombe, Mobutu s’apercevrait que le multiculturalisme qu’il a instauré a échoué et est devenu un fonds de commerce politique pour saigner la République et piétiner le peuple.

Charles Mapinduzi

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