Les rebelles du M23 n’ont pas désarmé. Dans le Nord-Kivu où ils assiègent des cités et villages entiers, ils se montrent toujours insatiables et tiennent à aller plus loin.
Les 2 dernières semaines n’ont pas été roses pour la République démocratique du Congo. Une dizaine de localités sont passées entre les mains des assaillants en chefferie de Bwito (Rutshuru) en quelques 3 jours seulement.
De nombreuses informations relayées par les acteurs des forces vives ont soutenu que les FARDC et les résistants Wazalendo se repliaient à chaque fois, bien avant l’arrivée de l’ennemi.
Dans cette ambiance, 3 importantes positions ont été conquises par le M23 dans les mêmes circonstances. D’abord, la cité de Kibirizi, la base de Rwindi dans le parc national des Virunga puis finalement la localité lacustre de Vitshumbi, toujours dans le Rutshuru.
Une source militaire justifie cette attitude par 2 faits majeurs. Il indique que pour certaines contrées, les FARDC ont choisi d’abdiquer pour éviter de mettre en péril les populations civiles dans ces entités peuplées. Par ailleurs, pour Rwindi et Vitshumbi, dit-elle, il s’agit de positions sans base-arrière, des parties enclavées qui n’auraient pas permis à l’armée de se ravitailler ou d’obtenir de renfort en cas de violents combats contre le M23.
Dans une note de réflexion sur la question, le journaliste Rodriguez Katsuva note que « depuis la résurgence du conflit, 99% du territoire conquis par les rebelles terroristes du M23 c’est sans combats ! Dès qu’il y a affrontements, soit ils se retirent pour revenir, soit ils abandonnent l’idée d’occupation », mentionne-t-il.
Puis, il en déduit 4 axes de réflexion dont voici la texture :
A. Bunagana avait été pris après un « repli stratégique » de l’armée. On a même puni les officiers qui étaient sur terrain.
B. En octobre de l’année dernière, le M23 a eu beaucoup de mal à prendre et se maintenir à Kitshanga. Des miliciens les avaient combattus, et ils s’étaient retirés plusieurs fois, avant une prise définitive, quand les miliciens n’avaient plus de munitions pour les combattre.
C. Sake n’a jamais été pris. Grâce aux FARDC, aux vrais wazalendo et les partenaires armés de la RDC SADC, Monusco ou Mercenaires. Si Sake n’a pas pu être pris, c’est à cause de lourdes pertes qu’ont enregistrées les rebelles. Les miliciens locaux de Sake étaient très virulents et très engagés. Ils ont massacrés les M23. On avait même vu des vidéos. Puis les FARDC ont utilisé l’artillerie lourde, les drones et les avions de guerre. Le M23 n’a pas eu d’autre choix que de fuir et abandonner l’idée même de prendre Sake.
D. Le M23 semble facilement gagner du terrain sur les zones frontalières au Rwanda et à l’Ouganda. Cela confirme la thèse lucrative de cette guerre. Ils peuvent faire passer autant de minerais qu’ils veulent, sans aucun contrôle. Et faire entree armes, nourriture et munitions sans aucun contrôle.
Au regard de ce qui précède, je conclue que le M23 n’est pas aussi fort qu’on le pense. Avec une réelle volonté, comme celle de 2013, et un ou des officiers déterminés (comme Mamadou et Bauma), on peut mettre fin à cette guerre !
Malheureusement, il faut aussi se remettre en question, du côté Congolais :
- Les soldats ont des smartphones aujourd’hui. Ils savent que des députés touchent 33.000$ par mois (l’équivalent de 36 ans de salaire d’un militaire qui ne touche que 75$). Comment on peut penser motivee nos militaires face à ces injustices ?
- Le traitement réservé aux veuves et orphelins des soldats. Il est très difficile pour la vraie famille de continuer à percevoir le salaire posthume des soldats morts aux combats. À part les magouilles, il y a des soldats avec deux ou 3 femmes. Aucune n’est légitime. Alors la famille entre dans une misère sans nom. Mais même ceux qui avaient unz seule épouse légitime, si par chance la solde n’est pas détournée, l’épouse a du mal à commencer à percevoir l’argent.
- La population subit des tracasseries sans nom. Les zones sous état de siège sont devenues des jungles. Les dirigeants militaires se permettent tout. Et toute voix qui ose dénoncer est mise en prison ou accusée de traîtrise.
- Tous les Congolais ne sont pas unis sur cette question, et n’ont pas la même lecture de ce drame. Il faut le dire : à Kinshasa, beaucoup refusent de comprendre ce que nous subissons dans l’est ! Suffit de voir sur les réseaux sociaux. Pour certains, tous les gens de l’est sont des Rwandais.
Les députés et ministres se taisent aussi. Car les députés attendent le 26 mars pour que la Cour Constitutionnelle valide leurs mandats. Alors ils n’osent rien dénoncer, par peur de perdre leurs sièges. Les ministres espèrent être reconduits. Donc ils flattent Félix Tshisekedi.
Enfin, à lui de conclure :
I. Les M23 ne sont pas infaillibles.
II. Nous n’avons que les FARDC comme armée. Traitons les bien.
III. Un congolais qui pense différemment ou qui est neutre n’est pas forcément contre le Congo.
IV. Soyons unis, tous les Congolais. Pour vaincre ces rebelles.
Charles Mapinduzi
