Félix Tshisekedi et Paul Kagame finiront-ils par se rencontrer dans un face-à-face décisif pour tabler sur la question secrétaire dans la sous-région ? C’est en tout cas ce qui est annoncé après des rencontres respectives du 27 février et du 11 mars, à Luanda, du président Joao Laurenço avec les 2 dirigeants.
Tous les 2 antagonistes ont effet dit oui pour des discussions afin d’obtenir la désescalade après plusieurs mois des tensions suite à la réapparition du M23 dans le Nord-Kivu.
Mais, pour la Commission africaine pour la supervision électorale (CASE), la décision de Félix Tshisekedi passe bien pour une trahison et « vient mettre le Burundi dans une posture de grave complexité politique »
« Au moment où le Burundi et le Rwanda évoluent en chien et chat, Félix Tshisekedi, l’allié des deux pays a réussi à convaincre le Président Evariste Ndayishimiye de mener ensemble une guerre de décapitation politique et sécuritaire du Rwanda. Le président Ndayishimiye a naïvement cru en Tshisekedi ne sachant pas que son partenaire était de nature caméléonesque. Tshisekedi qui a promis de larguer des bombes sur Kigali, a depuis, fait marche arrière affirmant suprêmement qu’il allait finalement discuter avec le président Paul Kagame« , rappelle Simaro Ngongo
Ce dernier estime que les autorités de Bujumbura ne comprennent pas que Kinshasa traite de nouveau avec Kigali alors qu’il était établi que le conflit Kagame-Tshisekedi avait atteint un niveau irrémédiable. Il avance que depuis quelques semaines, le président congolais travaille pour isoler l’AFC de Corneille Nangaa en tentant de privilégier une solution diplomatique directe avec Kigali.
Malheureusement pour lui, dit-il, la solution durable inclut et inclura toujours les trois dimensions à savoir : dialoguer avec l’opposition interne frustrée par les fraudes électorales massives de 2023 ; dialoguer avec l’opposition armée représentée aujourd’hui par l’Alliance Fleuve Congo de Corneille Nangaa et dialoguer avec les Etats voisins parmi lesquels le Rwanda.
Mais, il redoute qu’au regard de la nouvelle position de Kinshasa, le Burundi interroge sa coopération militaire avec la République démocratique du Congo dans les prochains jours afin de mieux articuler son action dans la région des Grands Lacs.
Quoi qu’il en soit, rien n’est encore précis au sujet de la probable rencontrée entre Kagame et Tshisekedi. Le ministère angolais des Affaires étrangères a informé que les 2 dirigeants avaient dit être disposés à se rencontrer et que le jour et le lieu pourraient être fixés dans les jours à venir.
A noter qu’aussi bien entre Kigali et Kinshasa qu’entre Kigali et Gitega-Bujumbura, les relations sont très froides. La RDC accuse le Rwanda de soutenir le M23; le Burundi le charge dans le soutien des rebelles Red Tabara. D’ailleurs, Evariste Ndayishimiye a déjà décidé de fermer ses frontières avec le Rwanda depuis le regain du conflit entre lui et Kagame.
Le fait d’avoir un ennemi commun a notamment encouragé Gitega-Bujumbura a soutenir le Congo dans une coopération militaire bilatérale contre le M23 au Nord-Kivu.
Charles Mapinduzi
