Le correspondant congolais de Jeune Afrique est enfin libre. Après plus de 6 mois de détention à la prison centrale de Kinshasa, Bujakera Tshiamala peut finalement revoir les rayons du soleil. Le Tribunal de Grande
Instance l’a condamné à 6 mois de prison, ce qui correspond plus ou moins à sa période de détention.
Peu avant, le ministère public a requis 20 ans et un paiement de 7500$ américains au regard des faits qui lui étaient reprochés. Mais, que s’est-il finalement passé ? Comment est-on allé de 20 ans à 6 mois seulement? C’est la question qui taraude les esprits.
Il y a peu, la justice congolaise était tout feu tout flamme contre ce journaliste d’Actualité.cd. Il a été reproché à ce dernier d’avoir chargé/sali les services des renseignements militaires dans l’assassinat de l’opposant Chérubin Okende en juillet 2023. Bujakera a également été accusé d’avoir créé un doute sur la version officielle dans la même affaire; qu’il a falsifié et fabriqué le sceau de l’ANR en l’apposant sur un faux document.
Ces faits de faux et usage de faux sont notamment graves, surtout qu’il s’agit de plonger les renseignements militaires dans une situation très embarrassante. Certains estiment qu’au regard de ces accusations, le réquisitoire de 20 ans du ministère public était pleinement justifié contre le journaliste de Jeune Afrique.
Mais, la question réside dans le fait qu’en dépit de ces griefs très graves, le TGI de Kinshasa/Gombe ait choisi presqu’un acquittement alors que depuis plusieurs semaines, la défense du prévenu a plusieurs sollicité une liberté provisoire mais en vain.
Sur les médias sociaux, les internautes ont trouvé la parade : depuis le début de l’affaire, Stanis Bujakera était un innocent qu’on tenait à immoler pour des raisons politiques et électoralistes.
En publiant un article qui détaillait les circonstances de l’assassinat d’Okende, Jeune Afrique mettait devant un fait accompli le régime Tshisekedi. Sur le plan international, cela est venu comme une tâche d’huile, une épine sous le pied du président sortant qui se préparait à renouveler son mandat. Ainsi fallait-il étouffer la menace dans l’œuf en faisant taire les voix embarrassantes dont celle de ce journaliste qui est réputé pour son impartialité et pour ses connexions à des sources.
Les élections passées, estiment nombre d’internautes, Bujakera devrait alors être libéré. Cependant, pour éviter la honte dans l’opinion après toutes les accusations formulées, plutôt que de l’acquitter, la justice a choisi de le condamner en une peine bénigne.
Par ailleurs, un autre internaute pense que Félix Tshisekedi aurait personnellement agi pour que le journaliste soit relaxé.
« Ici, il transpire que c’est la politique qui a levé sa main sur le dossier. La dernière sortie du chef de l’Etat en est une illustration. Les journalistes ne doivent pas jouer avec le feu en induisant Stanys en erreur. Qu’on le laisse sortir. Le monde entier sait qu’il est innocent. N’allez pas en appel’, commente-t-il, rétorquant en même temps au sujet de la démarche annoncée, celle d’attaquer le verdict du TGI à la Cour d’appel afin de blanchir totalement Bujakera.
Il faut rappeler que c’est depuis le 8 septembre que Bujakera a été arrêté puis conduit à la prison de Makala. Il est rattaché à un article de Jeune Afrique qui faisait mention d’un document des renseignements militaires qui décrit les circonstances de la mort de Chérubin Okende. Le chevalier de la plume a toujours rejeté tout en bloc.
Charles Mapinduzi
