A l’UDPS, le moins diplomate des secrétaires généraux que le parti ait connus dans son histoire est finalement en train de se conjuguer au passé. Et, dans l’opinion, toutes les voies s’accordent qu’il était enfin temps qu’Augustin Kabuya soit mis sur le banc de touche après son passage tumultueux, trébuchant, inconfortant et improductif à la tête de l’UDPS.
En effet, depuis le départ de Jean-Marc Kabund, le parti au pouvoir s’est aussitôt transformé en quelque chose d’indigeste. Jamais dans son histoire, cette formation politique n’a été autant dénaturée et désacralisée, ni même aux temps forts de son opposition contre Mobutu et contre les Kabila.
Pourtant, quelques mois seulement ont suffi pour que l’UDPS perdre toute sa superbe grâce ou, plutôt, à cause d’un seul homme : Augustin Kabuya.
Mais, les secrétaires nationaux du parti ont enfin décidé de sauver la barque UDPS avant qu’elle ne chavire définitivement. Et, comme on entend souvent dire, mieux vaut tard que jamais, pourvu de sauver ce qui peut encore l’être alors qu’il est encore temps.
Après Eteni Longondo qui a osé à ses risques et périls, ces responsables du parti au niveau national ont décidé de briser le silence à travers une déclaration commune où ils ne se privent pas d’affirmer que « quand les méchants dominent, le peuple gémit », allusion faite à la gouvernance cavalière du protégé de maman Marthe Kasalu Tshisekedi, qu’ils disent désavouer et ne plus reconnaître à la tête de leur parti.
Des griefs d’une ampleur à vous faire froid au dos pèsent sur le désormais ex-secrétaire général de l’UDPS. On lui reproche entre autres le manque de vision, de sorties médiatiques inopportunes, hasardeuses et non concertées ; le clientélisme politique dans la gestion des enjeux; la gestion solitaire et personnalisée du parti; la tenue des propos injurieux et tribalistes à l’endroit des Kasaïens du Katanga ; l’utilisation abusive des prérogatives dévolues à la présidence du parti et un merpris du principe de recevabilité et de la collégialité, etc.
Partant de ce qui précède, les secrétaires nationaux ont demandé à toutes les fédérations de l’UDPS de l’intérieur et de l’extérieur de se référer dorénavant au nouvel ordre politique du parti et ont annoncé la tenue, dans les prochains jours, d’une réunion de l’exécutif national du parti présidé par le doyen d’âge, le secrétaire national Roger Mukendi.
L’UDPS ne pouvait qu’en avoir marre. Les Congolais ont, en effet, été témoins des dérives d’Augustin Kabuya qui, arrivé à la tête de l’UDPS on ne sait toujours comment, se pensait déjà être Dieu le père.
Déjà, au sein même du parti, il s’est montré intouchable, mangeant et décidant seul grâce à la bénédiction de la mère du président qui est restée son parapluie depuis le départ de Kabund.
Des embauches et des avantages qu’il a distribués selon ses humeurs alors que les combattants du parti continuaient à se plaindre de ne rien retrouver au sein de leur propre pouvoir. Des immeubles estampillés Augustin Kabuya ont poussé dans la capitale grâce notamment aux avantages dont il a été bénéficiaire en tant que no 1 du parti au pouvoir, etc.
Puis, en même temps, l’arriviste secrétaire général sortant s’est autant montré intolérant vis-à-vis de tous les adversaires politiques qu’il a impitoyablement attaqués sans tenir compte d’aucun principe démocratique, tel un enfant de la rue.
Des accusations gratuites, infondées et ridicules contre Joseph Kabila, Moïse Katumbi, Martin Fayulu ainsi que tous les autres opposants, on en a connus de toutes les couleurs. Et, l’impression a été que Kabuya n’avait que cela à faire au lieu d’organiser le parti au pouvoir dont il était la tête.
Décidément, sauf Félix Tshisekedi et maman Marthe, le pays était entièrement gêné de plus en plus par des prises de position hasardeuses d’Augustin Kabuya, position qui n’ont fait que déshonoré l’ex-plus vieux parti d’opposition congolais.
Par leur décision, les secrétaires nationaux n’ont peut-être pas seulement sauvé l’UDPS mais le régime et peut-être aussi le pays. Et, même si maman Marthe Kasalu et Félix Tshisekedi choisiront de maintenir leur protégé à la tête du parti, ces travers d’Augustin Kabuya auront été brandis et sa gouvernance aura ainsi déjà été publiquement désavouée.
Charles Mapinduzi
