Surprenante et étonnante prise de position du ministre congolais des affaires étrangères sur la situation sécuritaire du Nord-Kivu relative au M23.
Alors que le régime de Kinshasa est dans une vaste campagne pour convaincre la Communauté internationale sur le rôle que joue le Rwanda dans la déstabilisation du Nord-Kivu, Christophe Lutundula qui était devant les diplomates américains et européens, a fait une déclaration qui suscite d’énormes critiques sur les médias sociaux.
« Si jamais, même par hasard, une balle tombait sur Goma, sachez que nous allons réagir dans les heures qui suivront« , a-t-il indiqué.
Cependant, le ministre congolais des affaires étrangères s’est aussitôt fait ramasser par des Congolais qui n’en reviennent pas. Ils estiment que la position du gouvernement congolais vient reléguer les populations vivant dans d’autres entités du Nord-Kivu où le M23 entretient de monstrueuses atrocités.
Pour Kinshasa, soutiennent-ils, les Congolais de Rutshuru, Masisi, Nyirangongo ne comptent nullement pas, de sorte que l’urgence d’intervenir ne se présente pas. Pourtant, ceux-ci traversent une situation que personne ne peut imaginer : nombreux ont fui leurs toits et vivent dans des conditions inhumaines dans des sites des déplacés où ils meurent de faim, de maladies et d’autres intempéries.
D’autres encore qui sont directement restés dans la zone sous contrôle de la rébellion sont victimes d’une cruauté qui ne dit pas son nom. En plus des massacres de Kishishe et Bambou qui ont fait près de 300 civils tués, le M23 a massacré plus de 60 autres compatriotes dans le groupement Tongo, en territoire de Rutshuru (Nord-Kivu) le weekend dernier.
Que les autorités congolaises disent être prêtes à réagir si une balle tombait à Goma cache mal leur négligence de la situation que vivent ces citoyens qui font face au M23 depuis plus d’un an, principalement à Rutshuru et Masisi.
« Donc, ceux qui sont à Rutshuru et Masisi ne sont pas de Congolais. Il faut que le M23 arrive à Goma pour ceux qui sont à Kinshasa réagissent. Voilà pourquoi je disais ici que le pouvoir de Tshisekedi ne s’inquiétait pas de cette guerre parce que jusque-là, elle ne menace pas son régime. Le jour où le M23 sera menaçant pour le régime Tshisekedi, vous verrez« , commente un internaute.
Il faut dire que c’est depuis mars et avril 2022 que les premières localités ont commencé à tomber entre les mains de cette rébellion pro-rwandaise. Puis, Bunagana a suivi en juin avant que Kiwanja, Rutshuru et ailleurs puissent passer sous leur contrôle.
À Kinshasa, on dit observer les cessez-le-feu même si la situation est désastreuse pour les populations de la contrée, y compris ceux de Goma qui sont asphyxiés.
Charles Mapinduzi
