« La justice congolaise est malade », tranchait déjà le magistrat suprême en décembre 2023, allant jusqu’à avouer qu’elle lui causait d’énormes soucis et qu’il souhaitait d’importantes reformes pour la rendre digne.
Et, c’est à maître Constant Mutamba qu’il l’a confiée, cet acteur qui vacillait entre opposition politique et pouvoir en place. Félix Tshisekedi a-t-il donc estimé que Mutamba était ce docteur qu’il fallait pour soigner cette justice malade, s’était-on interrogé après la sortie du nouveau gouvernement.
A moins que, comme dans ses habitudes, le chef de l’Etat ait encore sciemment fait des choix moins contraignants qui ne visent pas à changer les choses mais à les laisser telles quelles. Mais, comme le dit un dicton populaire, « on reconnaît l’oeuvre de l’ouvrier à l’ouvrage ». Constant Mutamba est ainsi attendu aux actes.
Cependant, il faut être non sans le dire, le nouveau ministre d’Etat à la justice a annoncé ses premières couleurs à travers des sorties folkloriques et mousseuses.
Bien avant même d’être investi et de s’enquérir du fonctionnement réel de son ministère, Constant Mutamba a égrainé une série de promesses qui ont suscité des interrogations. Il a promis « des réformes judiciaires courageuses et audacieuses, des actions judiciaires contre les auteurs de l’agression rwandaise, contre les détournements des deniers publics et à administrer une thérapie de choc à la justice malade ».
Va-t-il aller jusqu’au bout ou s’agit-il simplement des déclarations pour faire bonne impression ? La question reste entière.
Par ailleurs, lors de la remise-reprise avec sa prédécesseure Rose Mutombo, Constant Mutamba s’est présenté avec un gros chien. Ce qui a encore suscité de nombreux commentaires, critiquant le spectacle auquel se livrait le ministre d’Etat.
« Constant Mutamba théâtralise tout maintenant ? Il s’agit des affaires d’État ici, pas de spectacles », avait réagi un internaute, stupéfié.
Par la suite, maître Constant Mutamba a pris une mesure pour interdire toute propagande de l’homosexualité en RDC. Bien que dans la culture africaine, la communauté LGBT passe pour un tabou, nombreux observateurs ont avancé que le ministre devrait plutôt introduire une clause dans la loi allant dans ce sens, en lieu et place de sortir un communiqué isolé qui s’interprète aussitôt comme du populisme.
Et, le lundi 17 juin dernier, il a échangé avec Jules Alingete, inspecteur général des Finances sur des questions relatives aux détournements des deniers publics.
Constant Mutamba attend voir le chef de service lui déposer dans un délai court, tous les dossiers relatifs à ces faits et qui remontent à 3 ans.
Là encore, même si l’intention semble bien bonne, on redoute que Mutamba veuille aller vite en besogne dans un pays où des antivaleurs sociétales se sont ancrées et qu’il faut déboulonner avec beaucoup de tacts.
Un observateur voit dans les démarches du nouveau ministre de la Justice de premiers pas poussés par l’inexpérience, le populisme et le folklore, tout en attendant de pied ferme Constant Mutamba au tournant.
« Ce sont les résultats qui comptent. Pas ces spectacles. Mutamba semble embrasser tout au même moment avant même d’étudier le terrain. Conséquences : il va se heurter à d’imprévisibles obstacles », dit-il.
Charles Mapinduzi
