Le Sénégal aura fait ses preuves sur le plan démocratique en Afrique. Après une présidentielle fixée en février puis reportée par le chef de l’État avant d’être refixée en mars sur ordre de la justice, cette ancienne colonie française est indubitablement devenue un modèle dont les États du continent doivent s’inspirer.
Et, les Sénégalais sont de nouveau sur le point d’écrire une nouvelle page de leur histoire. Face au choix à opérer entre repartir à zéro et consolider les acquis du régime Macky Sall, le peuple semble avoir décidé de repartir à zéro.
Même si nombre d’Africains ont toujours avoué que Macky Sall a réussi à se démarquer de nombreux autres chefs d’Etat pour ce qui est de la gouvernance de son pays, les Sénégalais n’ont pas voulu tendre leur oreille aux sollicitations du président sortant qui tient à faire élire son dauphin.
Le jeune opposant Ousmane Sonko n’a pas été autorisé de se porter candidat à cause de ses ennuis judiciaires mais les millions d’électeurs qui le soutenaient et qui espéraient faire de lui le prochain président n’ont pas perdu de vue. Ils ont alors massivement soutenu un autre jeune, Bassirou Diomaye Faye, récemment sorti de prison.
Même si les résultats définitifs ne sont encore là et qu’un second tour est toujours possible entre les 2 principaux candidats (Diomaye Faye, proche d’Ousmane Sonko et Amadou Ba, dauphin de Macky Sall), le candidat de l’opposition est en tête des dépouillements provisoires.
Ces résultats jusqu’a dimanche 24 mars dernier qui donnent à Bassirou Diomaye Faye plus de 50% de voix font de lui le nouveau président du Sénégal dès le premier tour. Ce qui s’apparenterait à un vrai séisme politique. Selon les premières tendances annoncées la radio Futurs Médias, l’opposant aurait obtenu 57% des voix contre 31 seulement pour son principal concurrent Amadou Ba.
Déjà, 5 autres candidats ont félicité Bassirou Diomaye pour son élection au vu de la tendance du dépouillement toujours en cours. Si jamais ces résultats venaient à donner vainqueur ce candidat de l’opposition, ce sera un changement radical après 3 années d’agitation et de crise politique qui a vu des opposants traqués puis jetés en prison par le régime.
Ce serait effectivement une page écrite en lettres d’or pour le Sénégal. En Afrique, nombreux Etats sont loin d’emprunter cette voie. Il est souvent rare de voir le pouvoir en place perdre de façon aussi criante face à l’opposition sans que cela ne provoque une situation inédite dans le pays. Mais, le Sénégal continue de donner des leçons et de prouver qu’elle est aujourd’hui une grande démocratie sur le continent.
Charles Mapinduzi