Le régime de Kinshasa est peut-être dans le dilemme. En début de mandat en 2019, Félix Tshisekedi s’est vite tourné vers Moscou pour une coopération bilatérale, notamment en ce qui est de la question sécuritaire. Puis, sans aucune forme de procès, il est allé poser sa valise à Washington, Paris, Bruxelles ou encore Londres.
Des observateurs avertis ont alors estimé qu’il s’agit là d’une diplomatie qui navigue au gré des vagues et que cela ne jouera pas en faveur de la République démocratique du Congo.
Plus de 5 ans après, les faits semblent bien là. Le gouvernement congolais ne sait plus s’il faut prendre à gauche, à droite ou rester là jusqu’au soir. Sur l’échiquier international, le Congo est pris pour une chauve-souris qui ne sait pas choisir. Car, jusqu’à ces jours, Kinshasa n’est toujours pas aligné et semble être en même temps en faveur des communistes et des capitalistes.
Pour être clair, les autorités russes ont affirmé que Moscou et Kinshasa avaient approuvé un projet d’accord de coopération militaire, accord qui prévoyait, mentionnait le ministère russe de la Défense, « l’organisation d’exercices et exercices conjoints, la participation et le suivi d’exercices à l’invitation des agences compétentes, des visites de navires de guerre et d’avions de combat sur invitation ou demande, la formation des militaires ainsi que d’autres formats de coopération ».
Au pays, la démarche était vite saluée, surtout à ce moment où la partie orientale est infestée par des milices locales et étrangères dont le M23 qui n’arrête d’avancer et de conquérir des localités.
Cependant, le jeudi dernier, le gouvernement congolais est revenu à la charge, niant l’existence de cet accord. À travers sa mise au point, Kinshasa charge plutôt Laurent Désiré Kabila.
« Aucun accord de coopération militaire n’a été signé récemment entre la Russie et la RDC. Le projet d’accord de coopération dont question est une démarche initiée par les 2 parties en 1999 (sous Laurent Désiré Kabila). Depuis lors, ce processus a pris énormément de temps. De ce qui précède, le gouvernement de la République tient à préciser qu’il n’existe, à ce jour, aucun accord de coopération militaire signé récemment entre la Russie et la RDC », lit-on dans le document.
Qu’en est-il donc? Pourquoi les autorités congolaises tiennent-elles à démentir aussi formellement cette coopération militaire avec la Russie comme si signer un partenariat avec le Kremlin était un tabou ? Les autorités de Moscou sont-elles folles de confirmer l’existence d’un accord entre elles et les dirigeants congolais ?
De l’avis d’un analyste, Félix Tshisekedi craint les représailles des USA, de la France, de Belgique, de la Grande Bretagne, etc. Au regard du fait que l’Occident fait passer Moscou pour un paria international avec la guerre engagée contre l’Ukraine, Kinshasa ne voudrait pas s’attirer des ennuis, surtout qu’il espère que Washington, Paris, Bruxelles ou encore Londres lui vienne en aide dans le conflit avec le M23.
Également, la RDC se trouverait dans l’embarras de choix. Le passé rappelle qu’Emery Patrice Lumumba et Laurent Désiré Kabila ont précipité leur mort quand ils ont choisi de tourner le dos à l’Occident en faveur du bloc Russie-Chine. Peut-être est-ce pour cette raison que Félix Tshisekedi ne tient pas à prendre des risques d’être la prochaine victime en se tournant vers la Russie.
Partant ainsi de ce qui précède, les autorités congolaises souhaiteraient que si accord il y a avec la Chine ou la Russie sur le plan militaire, que tout se passe loin des caméras et des micros des journalistes, dans les coulisses, question de ne pas éveiller tout soupçon.
Charles Mapinduzi
