Comme le dit un dicton, Félix Tshisekedi est ce piégeur qui a été piégé. Depuis le début de son quinquennat, jamais comme aucun autre chef d’État, le président congolais défend toujours sa légitimité à la tête du pays comme s’il se reprochait de quelque chose.
Le mardi 19 septembre à New-York, à la presse, Tshisekedi a encore abordé la question. Il a mis sa main à couper si quelqu’un apportait des prévues qu’il n’avait pas été élu dans les normes. Il a juré qu’il n’y avait jamais eu d’accord entre lui et Kabila.
Mais, le chef de l’État a oublié un tout petit détail : les paroles s’envolent mais les écrits restent, dit-on. Ou plutôt, les paroles se sont envolées mais les témoins demeurent en vie. Car, ceux qui ont facilité la proclamation de Félix Tshisekedi sont encore en vie et l’histoire est encore très récente et très fraîche pour être effacée des mémoires.
Le successeur de Kabila a été rattrapé par le passé, par son passé, par ses actes posés dans le passé. Corneille Nanga qui dirigeait la CENI à ce temps-là est le premier à savoir ce dont il avait été question, mieux que quiconque. Et, sans donner aucune chance à Félix Tshisekedi, l’opposant en exil a opposé le dirigeant congolais à son passé : il y a bel et bien eu accord avant la proclamation des résultats, a tranché l’ex-président de la Commission électorale, qui qualifie les déclarations du président de la République de mensonges d’Etat.
« Mensonges d’Etat. L’accord politique existe bel et bien et il devra être rendu public. Par ses affirmations contraires à la vérité qu’il détient et qu’il connaît dans son intime conviction, le président Félix Tshisekedi a délibérément choisi la voie des contrevérités sur un fait historique de haute portée. Il a simplement menti et il le sait », contre-attaque Corneille Nanga dans un communiqué rendu public le samedi 23 septembre.
L’opposant soutient que Félix Tshisekedi tente de se faufiler à l’approche des élections. Nanga dit être co-auteur d’un accord qui a permis à Tshisekedi d’être président de la République. Il l’appelle à tirer toutes les conséquences de ses actes.
« Habitué aux parjures et au reniement, Félix Tshisekedi ne doit pas se croire continuellement malin après avoir floué ses partenaires de Genève, de Nairobi et de l’Union Sacrée. Un accord politique existe bel et bien. Il a précédé la publication des résultats définitifs. J’en suis l’un des co-rédacteurs. Cet accord inaltérable a été signé devant témoins, par Félix Tshisekedi et son prédécesseur. A 90 jours de l’expiration irréversible de son mandat, Félix Tshisekedi a fait le choix intentionnel d’une fuite en avant, pensant ainsi tromper l’opinion, en niant l’existence d’un accord politique qu’il a bel et bien, en âme et conscience, conclu avec son prédécesseur, accord dont il sait pertinemment bien que la clause principale le lie. Il ne peut qu’en tirer toutes les conséquences à l’approche de l’échéance du 20 décembre », chute l’opposant.
Félix Tshisekedi est-il donc disposé à se confronter à Corneille Nanga, ce dernier étant celui que le pays a toujours accusé d’avoir été en première ligne pour accorder à l’UDPS la victoire qui reviendrait à Martin Fayulu de l’ECIDE? Et si cet ancien président de la CENI brandissait le fameux accord qui porte la signature du successeur de Kabila avec à côté 3 autres chefs d’Etat témoins de l’événement ? En niant l’existence d’un accord, Félix Tshisekedi a piégé et il est tombé dans son propre piège.
Charles Mapinduzi