Les élections en République démocratique du Congo sont passées depuis 4 mois mais des questions existentielles demeurent. Qui a financé les scrutins ? Comment ont-ils été financés ?
Bien avant même la tenue des votes à proprement parlés Kinshasa rassurait que les élections étaient en train d’être financées entièrement par le trésor public congolais, sans appui extérieur, hormis la toute dernière intervention de la MONUSCO, de l’Angola ou encore de l’Égypte dans le déploiement des kits électoraux.
Cependant, à en croire des informations relayées notamment par le média congolais Actualité.cd, les services de la reddition des comptes révèlent que les appuis budgétaires de la Banque mondiale auraient servi à payer les dépenses des scrutins à hauteur de 141,3 millions de dollars américains.
Le régime de Kinshasa n’y a pourtant jamais fait allusion. Mais, à en croire des sources, il s’agit des fonds qui auraient été détournés par la République. En effet, le 28 juin 2022, la Banque mondiale avait approuvé un appui de 750 millions de dollars pour soutenir la gouvernance, la connectivité, le transport et le numérique en RDC. Puis, le 29 mars 2023, 900 millions d’autres dollars avaient été approuvés et annoncés pour financer les réformes fondamentales de la gouvernance économique et un projet d’apprentissage et d’autonomisation.
Ainsi, le gouvernement congolais aurait choisi de soustraire plus de 140 millions de dollars de ces fonds de la Banque mondiale pour les affecter aux élections. Ce détournement qui, par ricochet, aura handicapé les secteurs ciblés par la Banque mondiale dont la gouvernance, le numérique ou encore d’autres réformes fondamentales.
Sur le dossier, les officiels congolais dont le ministère des finances n’ont pas pu se prononcer. Peut-être pour éviter de se sentir embarrassés face à la Banque mondiale qui par ailleurs, ne s’oppose pas à l’utilisation des fonds librement par le gouvernement mais met l’accent sur le respect des principes de la bonne gouvernance et de la transparence.
A la CENI, cependant, on se contente du déjà fait. La Commission électorale défend qu’elle se contente des fonds rendus disponibles par l’Etat congolais sans se soucier de leur origine. Ainsi n’affirme ni n’infirme-t-elle la suspension sur l’affection des fonds de la Banque mondiale au financement des élections de décembre dernier.
Charles Mapinduzi