L’heure est grave. La partie orientale du pays est toujours en feu et en sang. Un peu plus vers l’Ouest, la situation est également intenable. Les États voisins dont le Rwanda et l’Ouganda en-tête, lorgnent à partir de leurs labos destabilisateurs, soit pour piller les ressources naturelles du Congo, soit pour décapiter la République et l’annexer à leurs patries respectives.
Le danger est ainsi permanent. Pire, il prend des allures de plus en plus inquiétantes, avec la présence du M23 au Nord-Kivu depuis plus d’un an. Pendant ce temps, au pays, des acteurs politiques et sociaux sont profondément plongés dans des débats stériles de positionnement qui perdent de vue la menace qui pèse sur la République. Au moment où toutes les intelligences et tous les efforts devraient être tournés vers l’est pour stopper les ambitions expansionnistes de Kigali, des tirs croisés animent le microcosme politique congolais.
C’est d’ailleurs cette attitude indifférente et désobligeante des Congolais qui importune totalement Seth Kikuni. Le candidat à la présidentielle plaint la situation dans laquelle le pays s’embourbe. Il ne comprend pas comment des acteurs se perdent dans des discours haineux au lieu de se préoccuper de l’essentiel.
Il charge principalement les Tshisekedistes de l’UDPS ou encore des ressortissants du Kasaï, cette contrée d’où le chef de l’Etat est originaire. Seth Kikuni dénonce leur attitude tribaliste et exclusionniste qui fait d’autres Congolais des étrangers sans aucune forme de procès, surtout ces candidats qui envient la présidence de la République.
« Il est temps de commencer à sanctionner certaines gens. Car, si vous ne l’avez remarqué, toutes les attitudes qui sont de nature à exclure d’autres Congolais ne sont en train de provenir que d’un même parti politique et d’un même espace géographique. C’est très dangereux. C’est seulement un même parti politique et un même espace géographique qui sont en train de qualifier d’autres Congolais des étrangers : oh, Mukwege est Burundais, oh, Moïse Katumbi est Italien. Même moi Kikuni, ils ont de fait de moi Ougandais. Aujourd’hui, c’est même devenu : vous ne devez pas venir ici, car c’est un territoire de tel« , regrette-t-il en faisant allusion aux propos du gouverneur du Kasaï Central, qui a récemment pris des positions tribales en faveur du président sortant.
Pour Kikuni Masudi, ceci risque d’envenimer une situation déjà enflammée. Intervenant sur Top Congo le weekend dernier, le président de Piste pour l’Emergence constate que ces invectives sont en train de conduire inéluctablement le pays vers l’irréparable et la division desquels l’ennemi pourrait profiter pour asseoir son plan contre la RDC.
Il faut rappeler que ces diatribes divers se sont accentués depuis que le vent de prochaines élections a commencé à souffler. Par crainte de perdre, des tenants du pouvoir en place plongent dans des discours haineux contre les opposants qui se sont engagés à l’élection présidentielle.
L’opposant congolais craint ainsi qu’à cette approche de nouveaux votes, le pays se perde dans la xénophobie alors que l’est du pays n’arrête de s’enflammer.
On ne le dira pas moins. En effet, Seth Kikuni a simplement vu juste. L’intolérance politique a dépassé les bornes en RDC ces jours. Des Tshisekedistes semblent prêts à tout sacrifier pour vendre leur image en prélude de prochains scrutins. Malheureusement, dans un pays aussi instable que la RDC, ces attitudes risquent de conduire à d’imprévisibles conséquences pour l’avenir de la nation.
Charles Mapinduzi