« Au niveau de la CENI, nous n’avons pas de preuve qu’il y aura bel et bien élection le 20 décembre. Et, même s’il y en aura, nous n’avons pas de certitude que ça va se dérouler dans les meilleures conditions de transparence. Cela veut dire qu’il y a risque des désordres dans notre pays », a tranché, le dimanche dernier, le cardinal Fridolin Ambongo, archevêque de Kinshasa.
Comme on le sait, les élections sont en principe prévues dans une vingtaine de jours seulement. Même si la CENI donne l’impression que tout va bien, les éléments sur le terrain attestent que les scrutins ne sont pas tenables au 20 décembre suite aux contraintes techniques et financières.
D’abord, pour ce qui est des fonds, sur plus d’un milliard de dollars attendus, plus de 200 millions ne sont pas encore versés par le gouvernement qui dit vouloir organiser les scrutins sur fonds propres. En 24 jours restants, il n’est pas encore rassuré que tout sera enfin fin prêt, en dépit de rassurantes des dirigeants du pays.


Concernant les contraintes logistiques et techniques, c’est là tout le problème. A en croire des informations parvenues à Partisan-rdc, les imprimés (PV et autres) ne sont pas encore disponibles en République démocratique du Congo et sont encore en Afrique du Sud.
Suite aux caprices de l’imprimeur sud-africain, la CENI a elle-même été contrainte d’acheter des papiers de la Chine pour les ramener en Afrique du Sud. Par ailleurs, les bulletins de vote n’ont toujours pas encore atterri dans la capitale congolaise et traînent encore en Corée. Les aviateurs ont déjà été constatés sur la question mais la CENI n’a pas encore versé de l’argent pour le déploiement vers le Congo, rapporte-t-on.
« L’imprimeur sud-africain a refusé catégoriquement de procéder à l’impression des documents électoraux (imprimés de valeur, etc). La Chine a été retenue, les contacts sont en cours mais non encore concluants.
Ils ont pu obtenir un cargo Ethiopian qui fera la première rotation sur Séoul en fin de semaine. Il faudra un minimum de 17 jours pour que tous les DEV quittent Séoul pour atteindre les 3 hubs (Kinshasa, Lubumbashi, Kisangani ou Bukavu) », indique la même source.
Lors des élections de 2018, sous Joseph Kabila, dans le même contexte, rappelle-t-elle, les autorités en place avaient mis à la disposition de Corneille Nanga un jet. Car, il faut 4 rotations pour faire le suivi avec les imprimeurs sud-africains.
En 2018, le gouvernement sud-africain avait mis à la disposition de Corneille Nanga des cargos qui ont fait de rotations entre l’Afrique du Sud-Goma, Kisangani, Kananga, Kisangani Lubumbashi et Kinshasa. A partir de ces hubs principaux, le déploiement a été fait jusqu’aux hubs secondaires et jusqu’aux bureaux de vote.
Pourtant, il faudra que ce déploiement soit fait au plus tôt parce qu’il faudra apprendre aux agents de bureau de vote comment remplir les différents documents.
C’est donc à ce stade que techniquement, le 20 décembre ne pourrait pas être tenable. La CENI devrait sans doute solliciter un report de quelques mois pour se rassurer que tout est enfin prêt pour passer au vote. Cependant, jusqu’ici, rien ne rassure que le pays va aux élections à la date prévue.
Charles Mapinduzi