En annonçant qu’il écourtait son récent séjour en Europe pour venir suivre la situation sécuritaire de son pays de très près, Félix Tshisekedi avait peut-être encore mené les Congolais en bateau.
Comme on le lui reproche très souvent, le président congolais sait comment manipuler ses compatriotes pour des raisons politiques. Était-ce encore le cas ici? C’est le moins que l’on puisse dire.
Lui qui disait qu’il annulait son déplacement en Hongrie après le bombardement d’un camp de déplacés en ville de Goma (au Nord-Kivu) ne s’est jamais ouvertement prononcé sur le dossier alors qu’il est un habitué du micro. Non plus, il ne s’est jamais rendu sur place pour réconforter les familles des victimes et même remonter le moral des troupes dont il est commandant suprême.
Depuis sa réélection, il n’a plus jamais pensé aux provinces de son pays. Bien au contraire. Pourtant, au Nord-Kivu, on espérait le revoir dans la contrée, question de prouver que les autorités du pays n’avaient pas abandonné cette contrée. Hélas!
A la place, il a choisi de se rendre au Congo Brazzaville ce vendredi 10 mai, un 17e voyage en 4 mois depuis sa réélection. A en croire la présidence de la République, le chef de l’Etat doit y rencontrer son homologue, à Oyo, à 400 kms de la capitale Brazzaville. Sur quoi devraient porter les échanges entre les 2 dirigeants que le président rdcongolais estime plus impliquant que les 35 civils tués et les 37 autres blessés, le vendredi 3 mai dernier à Goma?
Des voix se sont toujours multipliées contre le successeur de Kabila. On l’accuse de traiter la question du M23 avec beaucoup de légèreté, en ne se souciant pas de ces citoyens qui souffrent de la situation. D’ailleurs, ses nombreux déplacements en dehors du pays ont toujours semblé l’attester.
Alors que le Nord-Kivu est à feu et à sang, sauf pendant la campagne électorale, Félix Tshisekedi n’a plus foulé son pied dans la contrée depuis juin 2022.
Et, sur le terrain des affrontements, des engagements sérieux pour mettre fin à l’agression ne sont pas perceptibles. Les militaires se plaignent constamment de leurs conditions de vie et, les équipements adéquats pour contrer le M23 tardent à venir. Ce qui questionne sur la vraie volonté des autorités de Kinshasa à réimposer la paix dans l’Est.
Charles Mapinduzi