Félix Tshisekedi a bel et bien réussi son coup de force. Malgré les dénonciations de l’opposition, le successeur de Kabila s’est accordé un second mandat à la tête de la République démocratique du Congo, un quinquennat qui a été avalisé par la Cour constitutionnelle le 20 janvier dernier lors de la prestation de serment au stade des Martyrs.
Mais, si on se rappelle bien, Tshisekedi n’a pas été tendre vis-à-vis de ses adversaires à la dernière présidentielle. Principalement vis-à-vis de Moïse Katumbi, son principal challenger contre qui il a sciemment créé une infox inédite le ralliant au Rwanda et au M23.
Tout ceci n’était qu’un discours populiste et électoraliste qui n’avait rien de sérieux. Le président congolais a bien réussi à manipuler les Congolais pour s’offrir un électorat sur fond de mensonge et d’intox. Lui qui connait Katumbi depuis des années et qui l’a toujours présenté comme un Congolais au caractère exceptionnel n’ignore rien de la volonté et l’intégrité de l’ex-gouverneur.
Cependant, il s’est tout de même servi d’une propagande ségrégationniste pour s’accrocher au pouvoir. Mais, il sait que malgré la large majorité parlementaire qu’il vient de décrocher, il n’ignore pas que ses propos contre ses adversaires sont un danger pour le tissu social qui unit les Congolais. Peut-être est-ce même pour cela qu’il tente de calmer le jeu.
En effet, le samedi dernier, dans son discours d’investiture, Félix Tshisekedi a, de façon inattendue, tendue la main à l’opposition congolaise, celle-là même qu’il a critiqué avec passion au cours de la campagne électorale.
« Je saisis cette occasion pour accomplir mon devoir républicain, celui de saluer mes adversaires qui ont participé à l’élection présidentielle du 20 décembre 2023. Ne dit-on pas que plus le combat est dur, plus la victoire est belle ? Vous êtes donc (…) une composante consubstantielle à l’événement de ce jour, et vous avez, à juste titre, votre place dans la gouvernance de notre pays« , a-t-il dit.
Compte-t-il débaucher pour affaiblir davantage l’opposition ? C’est ce que l’on croirait. Car, en mettant dans la tête des opposants l’idée qu’ils ont leur rôle dans la gouvernance du pays, il incite certains d’entre ces opposants à sauter dans le navire Union sacrée où coule miel et lait.
Car, en réussissant un tel coup, il aura soulagé tant soit peu sa conscience après un hold-up électoral qui a organisé et qui le rend illégitime aux yeux des Congolais. Avoir quelques opposants au sein de l’Union sacrée justifiera, peut-on imaginer, la légitimité que le nouveau régime tente de se faire.
Charles Mapinduzi