On le craignait. Mieux, on le savait déjà. Comme dans ses habitudes, Félix Tshisekedi a raté le coche pour une nouvelle fois. Après avoir consommé plus de 5 mois pour sortir le premier gouvernement de son second quinquennat, aucune surprise n’est sortie de ses longues et interminables tractations.
Plusieurs visages dont le bilan a vertement été critiqué, ont refait surface, de sorte que nombreux observateurs ont estimé que le gouvernement Sama Lukonde aurait été reconduit en le nommant simplement gouvernement Sama 3.
Jean-Pierre Bemba, Nzangi Butondo, Julien Paluku, Guy Loando, Patrick Muyaya, Aimé Boji, Alexis Gisaro, Modendo Sakombi et bien d’autres sont maintenus ministres alors que les Congolais espéraient un nouveau vent, le vent du changement.
Pas seulement eux. De nouvelles figures qui font leur entrée sont dans une large mesure des Européens à la peau noire. Le portrait de plusieurs acteurs nommés sous Suminwa sont des Congolais vivant dans la diaspora congolaise et qui ne connaissent rien de la réalité du Congo pour avoir passé des années en dehors du pays. Au Congo, on les appelle des « Belgicains », ces citoyens qui, à l’instar de Félix Tshisekedi, ont décidé de rentrer au pays uniquement pour participer au partage de la manne que leur frère au pouvoir leur offre.
Une autre catégorie de ministres est faite des politiciens qui n’ont pas de background, avec un CV presque vide et qui devraient désormais se lancer dans une aventure où ils vont alors apprendre. Même s’il faut du sang nouveau, des acteurs sur qui le président congolais a misé sont sans aucun passé, ni dans l’administration publique, ni même dans le secteur privé.
Un autre constat amer est celui des postes ministériels partagés sans tenir compte des études faites ou des compétences réelles des candidats. Nzangi Butondo, économiste de formation, prend par exemple le Développement rural. Julien Paluku, un TDR, est jeté au commerce extérieur. Jean-Pierre Bemba se voit au Transport, etc. En tout, il ne s’est pas agi de l’homme qu’il faut à la place qu’il faut.
Une autre grande déception est celle exprimée pour ce qui est du ministère de la Justice. Constant Mutamba, opposant déclaré, a été nommé à la tête de la justice que Félix Tshisekedi a personnellement appelée « une justice malade ». Des observateurs craignent que le pays ne s’enfonce davantage de ce côté là.
En un mot comme en mille, partant de ce qui précède, Félix Tshisekedi a clairement prouvé l’homme qu’il est et qu’il a toujours été. Pas un acteur du changement comme des Congolais l’ont toujours attendu.
Et comme une partie de l’opposition le présume déjà, il est difficile d’espérer que cette nouvelle équipe soit la solution à la crise multiforme à laquelle le pays fait face : l’insécurité par ici, le chômage par là, l’absence des infrastructures par ailleurs, etc.
Charles Mapinduzi
