Ils sont spécialités dans ce domaine. Depuis l’avènement de Joseph Kabila au pouvoir, l’UDPS et les Tshisekedistes s’octroient le droit d’attribuer, à tord à raison, la nationalité rwandaise à tout celui ne pense pas comme eux, à tout celui qui ne partage pas leur vision du monde. Ils se connaissent comme les seuls Congolais de souche.
Déjà, en 2001, ils ont dénié la congolité à Joseph Kabila, affirmant du haut de leur siège qu’il n’était pas fils de mzee Laurent Désiré et qu’il était un pion de Kigali pour servir les intérêts du Rwanda au Congo. Depuis, ils n’ont jamais brandi des preuves. Avaient-ils oui ou non raison? La question reste pendante.
Vital Kamerhe devenu aujourd’hui leur partenaire privilégié qui a d’ailleurs aidé Félix Tshisekedi à accéder au trône avait déjà été baptisé Burundais. Tout comme Denis Mukwege, le gynécologue et prix Nobel congolais originaire de Bukavu, est collé au Burundi.
Une autre scène qui a fait du chemin est celle sur Moïse Katumbi. L’opposant a été au combat au côté d’Étienne Tshisekedi et de tous les autres leaders de l’opposition afin de mettre Kabila à la porte entre 2015 et 2018. Grâce à sa poche, il est même intervenu pour permettre aux opposants de l’époque d’être un bloc compact contre le régime FCC.
Mais, quand ce dernier s’est retiré de l’Union sacrée pour militer au sein de l’opposition, il a été traité de tous les noms d’oiseaux. Félix Tshisekedi en personne l’a taxé d’étranger au service du Rwanda. Puis, il a appelé à ne pas voter pour lui pour éviter que le Congo ne soit balkanisé.
Ces inepties sont dernière nous, sans aucun doute. Mais, la machine tshisekediste à coller des nationalités étrangères aux acteurs n’a pas arrêté de tourner. Ces jours, c’est le cardinal de Kinshasa qui est directement ciblé par des mots abjects.
Des Tshisekedistes le considèrent déjà comme un Rwandais, un prêtre au service du Rwanda. Tout ceci, parce que le prélat catholique a eu l’audace de dire tout haut ce qui se fait tout bas, notamment le fait que le régime de Kinshasa collabore avec des groupes armés auxquels il a fait des dotations.
Depuis que Fridolin Ambongo a craché cette vérité sur l’Agence Fides, la toile s’enflamme. Des partisans du pouvoir plaident d’ailleurs déjà pour son interpellation, son arrestation.
« Le cardinal Fridolin Ambongo est rentré au pays. Ce pasteur qui a franchi le rubicon n’est pas passé par le salon VIP comme ce fut le cas à son aller. Le mieux serait pour lui (cardinal) de rejoindre le M23/RDF que de déstabiliser la RDC depuis Kinshasa. Ses allégations contre la nation et en faveur du Rwanda et ses supplétifs du M23 sont inacceptables. Vivement son interpellation », écrit Siméon Isako, journaliste proche du pouvoir.
D’autres commentaires anti-Ambongo sont insupportables. Mais, les défenseurs du pasteur de l’Eglise romaine se demandent pourquoi la vérité blesse-t-elle les tenants du pouvoir. Au Nord-Kivu, s’interrogent-ils, Kinshasa ne travaille-t-il pas avec des milices locales qu’il a choisi d’appeler Wazalendo ? En quoi la déclaration du cardinal s’écarte-t-elle de la vérité, disent-ils alors ?
Charles Mapinduzi