Le président de la CENI, que les internautes ont surnommé « Kadi ment » pour dénaturer son nom, a quasiment fini son job, celui donné par ceux qui l’y ont placé.
Et, c’est à la perfection qu’il a fait, notamment en manipulant les chiffres pour que l’Union sacrée de Félix Tshisekedi l’emporte, et à la présidentielle et aux législatives.
Ces jours, les caciques du régime se félicitent d’un score jamais réalisé au cours de ces dernières années et sont heureux d’avoir donné à Fatshi tout ce dont il avait besoin pour régner à jamais.
Mais, cette joie risque très vite d’être écourtée. D’abord quand la Cour constitutionnelle aura décidé de rendre ses arrêts qui seront en faveur des uns et au détriment des autres. Puis, quand Tshisekedi aura décidé de faire le partage du gâteau où nombreux ne retrouveront pas leur part.
Au Nord-Kivu (et même dans l’Ituri), pour ce qui est des législatives provinciales, tout risque de partir en vrille. Les élus qui viennent de l’être risquent de voir leurs rêves de siéger s’évaporer.
En cause, l’entité est toujours sous état de siège. Un état de siège qui a montré ses limites mais que Kinshasa continue de maintenir depuis début mai 2021.
Les députés provinciaux de la législature qui s’achève ont dû être mis en congé forcé et n’ont pas pu travailler pour le peuple pour qui ils avaient été élus. Ils ont dénoncé, ils ont plaidé pour leur cause mais Tshisekedi a fait une sourde oreille.
Un haut placé de l’administration au Nord-Kivu affirme que la stratégie est payante pour l’UDPS et le régime : bloquer les projets de développement, maximiser les recettes, non en faveur du Nord-Kivu mais en faveur du gouverneur militaire et en faveur des hauts placés à Kinshasa, aucun contrôle parlementaire n’étant possible sous état de siège.
Ainsi, rien n’est exclu que ces députés nouvellement élus soient confrontés à la même réalité où Kinshasa veut intentionnellement maintenir l’état de siège pour que l’essentiel des recettes du Nord-Kivu puissent lui profiter. D’ailleurs, jusqu’ici, ni le jour ni la date de la levée de cette mesure n’est encore connu en dépit d’une table ronde récemment organisée dans la capitale et qui appelait à la fin immédiate de l’état de siège.
Mais, il n’y a pas que cela. Il y a aussi cette guerre du M23. La rébellion rwandaise a toujours du contrôle sur 2 territoires du Nord-Kivu qui, d’ailleurs, n’ont pas pu participer aux dernières élections. Les scrutins ne pourraient être organisés dans la contrée que si les FARDC réussissaient à chasser la rébellion.
Pourtant, personne ne sait quand cette guerre prendra fin, elle qui a duré déjà 2 ans. Or, ni l’élection du gouverneur, ni celle des sénateurs, encore moins celle du bureau de l’Assemblée provinciale du Nord-Kivu ne pourrait se faire sans les élus de ces 2 entités. A moins que Kinshasa décide bien sûr de reconduire les députés de la législature qui prend fin.
Au regard donc de ces 2 principales considérations, les élus provinciaux du Nord-Kivu risquent d’attendre et d’attendre pour longtemps dans la mesure où l’état de siège doit d’abord être levé puis Rutshuru et Masisi doivent être libérés du joug du M23 puis élire pour que l’Assemblée provinciale soit effectivement mise en place.
Charles Mapinduzi