Le pouvoir enivre, le rappelle-t-on souvent. C’est peut-être aujourd’hui le cas en République démocratique du Congo où le parti politique au pouvoir, pince-sans-rire, se montre impitoyablement intolérant vis-à-vis des adversaires politiques.
Pourtant, point n’est besoin de le rappeler, aucune autre formation politique plus que l’UDPS, n’a autant été très critique dans le pays. Déjà, depuis 1982, avec les 13 parlementaires dont faisait parti Étienne Tshisekedi, l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) s’est détachée du M23 pour constituer le fer de lance d’une opposition imprévisible contre Mobutu.
Après le départ du maréchal, le parti de la 10e rue Kinshasa-Limete s’est dressé d’abord contre Laurent Désiré Kabila puis, de façon beaucoup plus virulente, contre Joseph Kabila.
Entre injures, critiques, attaques verbales et physiques, le parti au pouvoir en RDC était inarrêtable. Surfant sur le slogan « Le peuple d’abord » ou encore « l’Etat de droit », l’UDPS a donné l’impression d’être tout ce qu’il fallait pour que le Congo soit une vraie démocratie et qu’il se développe au même titre que d’autres nations émergentes africaines.
Hélas! Tout ceci n’était que du bluff. Décidément, les Congolais avaient été floués, roulés dans la farine. Car, en seulement moins de 6 ans de gestion, l’ex-plus vieux parti d’opposition a été dénudé. Et, comme l’avancent certains commentateurs des médias sociaux, « en donnant le pouvoir à Félix Tshisekedi, Joseph Kabila a soulevé la jupe de l’UDPS et a permis aux Congolais de savoir qu’elle ne portait pas de petite culotte ».
L’UDPS s’est en effet orgueillie, donnant parfois l’impression que son pouvoir était éternel. Tout ceux qui pensent différemment ou qui ne partagent pas les mêmes convictions qu’elle, sont directement pris en partie. Même Joseph Kabila grâce à qui Félix Tshisekedi a accédé au trône n’a jamais été épargné, constamment vilipendé.
Des opposants qui ont milité pour l’avènement de la démocratie et de l’Etat de droit et qui continuent de dénoncer les travers d’une gouvernance à double vitesse sont aussi des cibles du régime.
Augustin Kabuya, secrétaire général du parti au pouvoir en RDC, se croit désormais tout permis, prêt à tirer sur tout ce qui bouge, question de défendre Félix Tshisekedi même dans ses égarements les plus sordides.
La récente réaction du no 1 de l’UDPS a visé l’opposant Moïse Katumbi qui, dans son message en marge du 64e anniversaire de l’indépendance de la RDC, a critiqué la dictature instaurée sous l’actuel régime, faisant allusion aux restrictions de l’espace politique, aux interpellations et arrestations, aux intimidations, etc.
Bondissant sur le dossier, Augustin Kabuya a présenté le chef de l’Etat comme le plus grand démocrate que le Congo n’ait jamais connu. A ceux qui considèrent Félix Tshisekedi comme un dictateur, il leur demande d’aller se faire soigner.
« Félix Tshisekedi n’est pas un dictateur. C’est un démocrate que la RDC n’ai jamais connu. Celui qui vous présente le chef de l’Etat comme un dictateur ou tribaliste n’a qu’à se faire soigner au CNPP », a-t-il dit à la presse.
Comment en est-on donc arrivé là ? Qu’un parti politique qui a milité 37 ans durant dans l’opposition traite des Congolais de malades à cause de leurs critiques pourtant légitimes dans un pays qui se veut démocratique. Les faits ne sont-ils pas flagrants? N’y a-t-il rien à dénoncer sur le plan démocratique ? Les opposants sont-ils libres de se mouvoir alors que nombreux d’entre eux sont soit en exil, soit emprisonné ? Le vivre ensemble n’est-il pas mis en mal à cause de la tribalisation des institutions par le pouvoir ? Des questions que des Congolais ne peuvent que se poser après une nouvelle sortie du secrétaire général de l’UDPS.
Charles Mapinduzi