A l’UDPS, mieux, au sein de la famille politique du chef de l’État, les torchons brûlent. Et, dangereusement, le feu est parti du « lieu saint » du régime. Augustin Kabuya, no 1 du parti, est celui qui est devenu l’élément gênant. Pas seulement lui mais aussi et maman Marthe Kasalu, la mère du chef de l’Etat.
Des militants de l’UDPS, ceux-là même qui en ont fini avec tous les adversaires politiques qu’ils ont attaqués, injuriés, insultés sans ménagement au vu et au su de la justice congolaise ont décidé de se tourner vers leurs propres chefs qu’ils considèrent comme les vrais décideurs, à la place même du président de la République.
Dans une vidéo devenue virale sur les médias sociaux, ces combattants du parti au pouvoir communément appelés « les Talibans » se plaignent de la façon dont l’UDPS est en train d’être gérée. Ils constatent amèrement que jusqu’à la fin du second mandat de Félix Tshisekedi, ils risquent de ne pas se retrouver au sein de leur propre pouvoir et estiment que Kabuya est le plus gros mal.
Sans mâcher les mots, ils lancent un ultimatum contre le secrétaire général du parti qu’ils menacent de limoger si rien ne change dans l’immédiat. Et, de façon inattendue, ils s’adressent à la mère du chef de l’Etat qui, sous-entendent-ils, est la vraie preneuse des décisions dans le pays.
Taquins, les Talibans demandent à Augustin Kabuya de demander à maman Marthe Kasalu d’appeler les généraux Chiko Tshitambwe et Christian Tshiwewe afin que la la guerre dans l’est s’arrête, comme c’est elle qui donne les ordres en RDC.
« Comme c’est maman Marthe qui prend les décisions, amène-lui Christian Tshiwewe et Chiko Tshitambwe pour que la guerre prenne fin dans l’est », lance un des militants de l’UDPS au cours d’un meeting, avant de renchérir :
« Si vous continuez à vous endormir, le second mandat prendra fin, (nous) les combattants ne se retrouveront pas. Augustin Kabuya doit organiser le parti. Nous avons besoin du concret. Si tel n’est pas le cas, nous le limogeons », dit-il.
D’une part, des Tshisekedistes accusent Augustin Kabuya d’avoir privatisé l’UDPS depuis qu’il a été hissé au secrétariat général du parti. Il y tire des profits à son compte sans penser aux militants.
D’autre part, il y a maman Marthe Kasalu Tshisekedi. La mère du chef de l’Etat est constamment attaquée pour ses rôles dans le pays. Omniprésente dans des affaires politiques qui impliquent directement la vie de la nation, de sorte que l’opinion se demande la vraie place qu’elle occupe au sein du régime de son fils.
On a vu, en marge de conciliables politiques qui ont précédé la présidentielle, l’élection des sénateurs, des Assemblées nationales et provinciales ou encore les gouvernorales, les candidats qui ont tenu à se faire élire sont passés voir la matriarche pour des révérences insondables.
En plus d’être trop visible dans des dossiers politiques, Marthe Kasalu est aussi signalée dans les mines dans l’ex-Katanga. Ce qui suscite des questionnements sans réponse.
Que des combattants du parti au pouvoir expriment leur désaveu public est en soi un signal qui ne trompe pas. A moins que Félix Tshisekedi décide de s’y inviter au plus vite, le parti au pouvoir risque d’exploser suite au mécontentement régulier des Talibans qui n’ont pas pu retrouver leur compte depuis que Tshisekedi a pris les rênes du pays.
Charles Mapinduzi