On le craignait déjà. Mieux, on le savait. La mouvance au pouvoir est sur le point de s’écrouler tel un château de cartes. En cause, les acteurs qui la composent ne sont pas rassemblés autour d’un idéal commun en faveur du pays mais bien pour des intérêts partisans.
Et, comme le disait déjà le Français Antoine de Saint-Exupéry (1900-1944), « forces-les de bâtir ensemble une tour et tu les changeras en frères. Mais, si tu veux qu’ils se haïssent, jette-leur du grain ». Un autre Français, Paul Claudel, prévenait aussi déjà : « L’intérêt rassemble les hommes mais ne les unit pas ».
La République démocratique du Congo est en train de vivre ces scénarios en live. La pomme de discorde est le perchoir de la Chambre basse du Parlement. Tous veulent y être et personne ne veut céder.
Félix Tshisekedi, le patron de l’empire, ne sait à quel saint se vouer. Il a fait des promesses qu’il n’a pas tenues et ne sait comment se sauver du carcan et de la pression de Vital Kamerhe, Christophe Mboso et Bahati Lukwebo.
Alors que l’Union sacrée de la nation pèse plus de 450 députés sur les 500 attendus et que l’opposition parlementaire est quasi inexistante avec sa vingtaine d’élus seulement, la famille politique au pouvoir a décide de passer aux élections primaires pour départager 3 gouroux qui veulent coûte que coûte prendre la tête de l’Assemblée nationale.
Un véritable malaise. Car, la démarche s’apparente à une famille où des enfants d’un même père doivent se battre pour obtenir un avantage que le père ne sait attribuer à l’un ni à l’autre après avoir fait des promesses à chacun mais qu’il n’arrive pas à tenir.
Il est ainsi légitime de se demander à quoi servent ces primaires alors qu’un seul mot de Félix Tshisekedi aurait clos le débat. En organisant ces préélections, le président congolais veut laisser sur l’arène Kamerhe, Lukwebo et Mboso pour qu’ils s’entremangent alors que dans le fond et au finish, celui qui sera élu proviendra impérativement de l’Union sacrée.
Ces chaudes empoignades précipitent la mouvance au pouvoir vers le précipice. Sans nul doute. Intérieurement, Kamerhe qui a tout apporté à Tshisekedi aura clairement compris que le fils de maman Marthe est un ingrat. Christophe Mboso qui a joué le fou du roi à l’Assemblée nationale depuis 2020 réalisera que son travail a été vain. Bahati Lukwebo, à son tour, comprendra que Félix Tshisekedi ne compte pas sur lui. Cette situation viendra ainsi installer une méfiance et une suspicion à l’Union sacrée.
Au moment même où le gouvernement doit être formé, ceux qui auront été lésés entre Kamerhe, Mboso et Lukwebo voudront faire la revanche. Soit quitter la barque Union sacrée et rejoindre l’opposition ou, plus radicalement, le M23, soit rester à l’Union sacrée et se méfier de Félix Tshisekedi.
Dans l’un tout comme l’autre cas, ce qui se passe aura réussi à créer des tensions et à prouver que l’Union sacrée n’est qu’un géant aux pieds d’argile susceptible de s’écrouler au premier vent.
Charles Mapinduzi
