Ce que l’on craignait au sujet de Denis Kadima, en dépit du bénéfice du doute lui accordé, est effectivement arrivé. Entre son frère de tribu et sa patrie, le président de la CENI a décidé de choisir son frère.
En prenant part aux élections, une partie de l’opposition a cru que le successeur de Corneille Nanga allait agir autrement, qu’il allait opter pour sauver la nation en donnant au pays des élections dignes de leur nom. Hélas ! En dépit de son visage pâle, son regard perdu et sa voix innocente, Denis Kadima n’est pas un homme de confiance. Comme on s’y attendait et comme on le soupçonnait, ce dernier a opté pour jouer le jeu du pouvoir et d’accompagner Félix Tshisekedi avec qui ils partagent les mêmes origines.
Comme on le sent et on le voit depuis le début de la publication des résultats de la présidentielle par circonscription, publication qui ne tient compte ni du bourrage des urnes en faveur du candidat du régime, ni d’innombrables irrégularités enregistrées, encore moins de l’incapacité de la CENI à savoir combien de bureaux ont effectivement été opérationnels, les scrutins du 20 décembre ont totalement été tshisekedisés. Et, le président de la commission électorale le fait à dessein et sans aucun scrupule.
Le plan Kadima-Tshisekedi fonctionne donc comme prévu dès le départ. Des résultats pharaoniques allant jusqu’à près de 100% des suffrages exprimés dans des circonscriptions électorales ont été attribués au candidat du pouvoir. Hormis le Katanga où il est difficile de tripatouiller les votes, ou encore dans une petite partie de l’ex-Bandundu où Fayulu est montré en avance, sans peur des Congolais, Kadima présente Tshisekedi vainqueur dans toutes les autres entités du pays. Inimaginable. Bien que c’est son frère.
Et, l’opposition congolaise s’en est vite rendue compte. Le camp Katumbi parle d’un simulacre d’élections qu’il refuse de reconnaître. Il rejette les résultats lui attribués par la CENI et note que Denis Kadima, embrigadé dans la barque de tribalisation des institutions mise en place par le régime depuis 2019, se condamne au suicide.
« Ces simulacres des résultats ne seront pas acceptés et ces élections chaotiques annulées. Kadima sera arrêté. N’en déplaise aux petits tribalistes qui l’entourent, se réjouissent et le poussent au suicide. La fraude ne passera pas. Pas cette fois-ci« , a écrit Seth Kikuni qui s’est récemment rallié à Moïse Katumbi autour d’un candidat commun à la présidentielle.
Puis, répondant à Félix Tshisekedi et son régime qui promettent la mort aux Congolais, le jeune entrepreneur prévient que cela n’ira nullement loin. L’opposition dit être parée à toute éventualité.
« Sa blague de répression ne peut pas durer plus de 15 jours. Car, l’Etat n’a pas les moyens financiers pour déployer à la fois l’armée et la Police dans tous les coins du pays. Gérer une telle crise est plus fort que les jouisseurs qu’ils sont. S’il persiste, il va exténuer les forces de l’ordre déjà faibles, et le taux de change atteindra 10.000 FC. Il perd donc son temps« , prévient-il.
Les jours à venir sont tout de même décisifs. Il est indéniable que Denis Kadima a choisi une fin malheureuse pour lui en décidant d’imposer Félix Tshisekedi grâce à une élection parodique. Mais, l’opposition, les Congolais risquent de ne pas laisser faire, cette fois.
Si en 2019, le compromis à l’africaine a été consommé, toutes les années ne se ressemblent pas. Félix Tshisekedi et son régime pourraient être en train de vivre leurs derniers à la tête de la RDC, sauf si, consciemment, Denis Kadima décide de se racheter et de considérer ces scrutins comme annulés.
Charles Mapinduzi
