Le Mouvement de libération du Congo (MLC) est maintenant face aux évidences. Il y a peu, son fondateur était impitoyable contre Moïse Katumbi qu’il ne cessait de traiter, sans preuves, comme partisan de la rébellion qui agresse le Congo. En tout cas, lui, plus que personne, s’est ouvertement engagé dans une guerre frontale contre l’ex-gouverneur, question de se rassurer que Félix Tshisekedi gagne et que le principal opposant perde.
C’était, en effet, un stratagème pour faire des yeux doux à Félix Tshisekedi, espérant qu’à l’occasion du partage du gâteau, le MLC sera récompensé à sa juste valeur. Sauf que là encore, l’ex-rebelle n’a pas pensé aux nombreuses trahisons par lesquelles le dirigeant congolais s’est illustré depuis son arrivée au pouvoir.
Déjà, lors de la proclamation des élections législatives, le Mouvement de libération du Congo s’est vu déplumé. Dans cette fraude massive qui a entouré les scrutins, le parti s’est vu dépouillé de ses élus et n’a obtenu que 23 députés nationaux alors qu’il s’attendait à beaucoup plus. La grogne a commencé dès ce temps là jusqu’à ce que la Cour constitutionnelle ait décidé de repêcher quelques-uns au compte de Jean-Pierre Bemba.
« Certains cadres soupçonnent une manipulation interne au sein de la coalition Union sacrée, perçue comme une tentative délibérée de limiter l’influence du MLC », mentionne-t-on.
Mais, l’aventure ne s’est pas limité là. Quand le gouvernement est sorti, Jean-Pierre Bemba qui occupait une vice-primature de la défense, un ministère régalien et de prestige, s’est vu rejeté aux Transports et voies de communication. Un véritable coup bas contre celui que les partisans appellent chairman mais un coup de maître de Félix Tshisekedi.
D’ailleurs, à en croire les premières nouvelles, il était prévu que Jean-Pierre Bemba ne figure pas dans la nouvelle équipe. C’était déjà acté définitivement jusqu’aux dernières. Pour éviter des frustrations générales, lors de la révision de la mouture du gouvernement, Félix Tshisekedi a finalement pris l’option de repêcher l’ancien vice-président mais en le casant à un portefeuille non encombrant et non prestigieux.
Pour les sociétaires du MLC, ceci est déshonorant pour leur leader. Ils estiment que Jean-Pierre Bemba a presque tout donné pour assurer la victoire de Félix Tshisekedi, notamment avec des attaques impitoyables contre Moïse Katumbi mais que la récompense n’est pas à la hauteur de l’acte posé. Ils y voient de l’ingratitude de la part du chef de l’Etat.
« Nous espérions que cet investissement (attaques contre Katumbi) serait récompensé par au moins 3 portefeuilles ministériels. Nous sommes très déçus. La confiance se délite. Le temps de la décision n’est pas encore venu. La balle est dans le camp de notre partenaire », déclarent des cadres du parti.
Là où le bas a continué à blesser, c’est le fait qu’en dépit du nombre de ses députés, le MLC n’a pas obtenu autant de ministères qu’il espérait. Ce qui irrite ses membres qui se sentent trahis par leur partenaire Félix Tshisekedi, même si dans l’entourage du président, « on se défend en invoquant les critères fixés au départ pour l’attribution des postes ministériels, en soulignant le poids politique de chacun ».
Mais, de ce qui précède, doit-on ainsi craindre l’éclatement de l’Union sacrée ? Rien n’est exclu, pour autant que les aigris sont désormais nombreux depuis la sortie du gouvernement et que, déjà, comme on le sait, la coalition autour de Tshisekedi est construite sur du sable avec le risque de s’écrouler comme un château de cartes dès le premier vent.
Charles Mapinduzi
