Des interrogations ne tarissent pas depuis que les USA ont annoncé une trêve humanitaire de 2 semaines dans le conflit qui oppose la partie congolaise et le M23/Rwanda.
Depuis que le guerre est en cours et que les populations civiles qui se sont déplacées souffrent de la situation, coincées dans des camps de fortune, aucune organisation internationale ou africaine n’a jamais déclaré qu’un couloir humanitaire s’imposait. Même pas l’ONU.
Ainsi est-on donc en droit de se demander pourquoi on en est là aujourd’hui, surtout dans un contexte où les parties prenantes semblent n’avoir pas été consultées par Washington. Parce qu’à ce stade, on se demande de quel droit les USA ont décidé sur une question congolaise.
De ce qui précède, plusieurs hypothèses s’avancent. La première qui est d’ailleurs la plus plausible, est le fait que Kinshasa aurait entamé des négociations secrètes face à la progression du M23 sur le terrain.
En effet, après avoir tranché du haut de tous les toits qu’il ne sera jamais sur une même table avec la rébellion, Félix Tshisekedi qui n’arrive pas à stopper l’avancée de l’ennemi, se sentirait précipité dans un choix embarrassant : il doit négocier l’arrêt des hostilités et le début des pourparlers, question de limiter les dégâts. Ainsi, incapable de se dédire après avoir taxé le M23 de terroristes, le chef de l’Etat aurait bien décidé de passer par Washington pour lancer la voie du dialogue.
D’ailleurs, dans la même optique, le vice-président de l’Assemblée nationale a été signalé en Angola où le président Joao Laurenço est facilitateur désigné pour mettre fin au conflit. Aussi, des indiscrétions affirment que Kagame et Tshisekedi pourraient éventuellement se rencontrer finalement en ce mois de juillet pour tabler sur le dossier sous les auspices du président angolais.
Dans la même optique, Kinshasa peut avoir sollicité l’intervention de Washington pour empêcher la progression du M23 vers le nord du Nord-Kivu et ainsi profiter de ce temps pour tenter de préparer la riposte, tellement l’ennemi semble devenu inarrêtable.
Une autre hypothèse proviendrait du M23 lui-même. Après avoir rapidement conquis des entités dans le territoire de Lubero, les assaillants se sentiraient dans l’obligation de les conserver, à condition de ne pas être déstabilisés par les troupes gouvernementales. Ainsi, comme on le soupçonnait déjà, Washington serait en train de jouer le jeu du M23 pour l’aider à consolider les conquêtes avant de relancer éventuellement les hostilités avec une nouvelle énergie.
Une autre hypothèse encore est ces élections prévues le 15 juillet prochain au Rwanda. Kigali est conscient que les scrutins dans son pays ne doivent pas être perturbés et que des ressortissants rwandais sont nombreux au Congo. Ainsi doivent-ils profiter de renter chez eux pour participer au vote avant de se déployer de nouveau en RDC.
Ce n’est donc pas anodin que dans son communiqué, les USA ont précisé que cette trêve d’entre le 5 et le 19 juillet devrait « permettre le retour volontaire des personnes déplacées », une façon d’ouvrir le couloir pour les aller-retour.
Par ailleurs, Washington a prévenu que « le gouvernement américain continuera à utiliser ses services de renseignement et ses ressources diplomatiques pour surveiller les activités des forces armées et des groupes armés non étatiques pendant la trêve humanitaire ».
Dans l’un tout comme dans l’autre cas, des questions s’enchaînent. La guerre demeure, les populations civils en subissent les affres sans savoir jusqu’où le conflit irait. A Kinshasa, tout semble calme, car, même en dépit du conseil supérieur de la défense récemment tenu par le chef de l’Etat, aucune mesure courageuse n’est visible sur le terrain. Ce qui accroît l’inquiétude dans l’opinion.
Charles Mapinduzi