Depuis l’adhésion de la République démocratique du Congo à l’EAC ainsi que le déploiement des troupes est-africaines sur le sol congolais, nombre d’observateurs et des fins connaisseurs de la question sécuritaire de l’Est prévenaient que le régime de Kinshasa venait d’entrer un cheval de Troie au Nord-Kivu.
En cause, ces derniers dénonçaient le fait que les pays de l’EAC ont toujours des envies dangereuses contre le Congo et sont soupçonnés d’œuvrer pour sa décapitation. Nombreux ont préféré d’autres organisations sous-régionales dont la SADC pour des alliances militaires avec la RDC.
Seul maître à bord, le gouvernement congolais a fait la sourde oreille jusqu’à accepter le déploiement des soldats kenyans, ougandais, burundais et soudanais au Nord-Kivu. Mais, un an exactement après, c’est la désillusion. Le régime Tshisekedi est catégorique et a décidé de ne pas renouveler le mandat de cette force, mandat qui inspire le vendredi 8 décembre prochain.
Qu’en sera-t-il donc du retrait, surtout que Kinshasa semble avoir unilatéralement décidé de mettre fin au séjour de ces troupes ? Là est toute la question.
Le dimanche dernier, le Kenya a décidé de rapatrier une première vague de ses soldats estimés à près de 100 qui ont été débarqués via l’aéroport de Goma. Puis, après, rien. Aucune précision n’est jusqu’ici donnée pour ce qui est du rapatriement d’autres militaires ainsi que leurs équipements.
Et, pour ce qui est d’autres États, le silence est assourdissant. Vont-ils quitter ou resteront-ils en dépit de l’expiration du mandat? L’interrogation demeure entière.
Toutefois, pour ce qui est de l’Ouganda, les autorités sont claires. Par le porte-parole de l’armée ougandaise, Kampala indique qu’elle ne prépare pas ses soldats à quitter le Congo. Le général Kulayigye dit que les troupes UPDF ne pourraient se retirer que quand elles auront eu l’ordre de le faire.
Mais, en même temps, il sous-entend que l’Ouganda tient à continuer à participer à la pacification de l’Est du Congo en dépit de l’expiration officielle du séjour de l’EAC.
« Avons-nous commencé à nous retirer? Non. Pour nous, nous ne l’avons pas fait. Nous attendons les commandes. Tout comme on nous a donné l’ordre de nous déployer, nous attendons les ordres qui nous diront de nous retirer, de rester ou de toute autre manière. Dans l’armée, s’il n’y a pas de nouvel ordre, le premier ordre demeure. Donc, nous restons là jusqu’à ce qu’on nous dise de nous retirer. En tant qu’UPDF et en Ouganda, notre intérêt est un Est de la RDC pacifique, car un Est de la RDC pacifique est synonyme d’affaires pour nous Ougandais. C’est le seul intérêt que nous voulons« , a-t-il indiqué.
Au sujet du mandat de l’EAC, le porte-parole de l’UPDF indique qu’il ne s’agissait pas d’un mandat offensif. Il plaide d’ailleurs pour une solution politique à la crise M23.
« Notre mandat n’était pas de combattre une quelconque force mais plutôt de créer un environnement propice à un processus politique. Or, le processus politique dépendait fortement du gouvernement de la RDC et de ses protagonistes. Il s’avère que certains milieux pendaient que nous étions allés combattre le M23. Nous pensons que le problème est politique et qu’il nécessité une solution politique« , a-t-il ajouté.
Charles Mapinduzi
