Les relations entre Corneille Nanga et Félix Tshisekedi se sont déjà abîmées jusqu’au point de non retour. Comme il est un secret de polichinelle, le premier a aidé le second à devenir président de la République suite à un compromis politique dans lequel Joseph Kabila est impliqué.
Mais, il y a un peu plus d’un an, début 2023, l’ex-président de la CENI a quitté le pays, affirmant être en danger de mort. Puis, quelques semaines après, il a entamé un combat médiatique contre le régime de Kinshasa qu’il qualifie constamment d’un pouvoir prédateur.
Ses critiques ont été vives jusqu’à ce que Nangaa ait prévenu que si Félix Tshisekedi réussissait à se maintenir au pouvoir au delà de 2023, il serait éliminé ou chassé.
Mais, à l’issue des scrutins émaillés de fraude massive du 20 décembre dernier, le successeur de Kabila a réussi à s’accrocher. C’est dans ce contexte que Corneille Nanga a lancé son Alliance fleuve Congo (AFC), une coalition rebelle, extension du M23.
Depuis, il est à la tête du mouvement devant Bertrand Bisimwa et Sulutani Makenga. L’armée congolaise a plusieurs fois déjà essayé de décapiter la rébellion mais en vain.
A en croire des données fournies par Africa Intelligence, face à la menace, Kinshasa se sent très préoccupé. D’ailleurs, à en croire le média, en décembre 2023, Félix Tshisekedi a même ordonné qu’une opération militaire spéciale soit menée afin que Nanga soit directement éliminé.
« L’activisme de l’ancien président de la commission électorale, Corneille Nanga, désormais visage politique du M23, préoccupe la présidence de Félix Tshisekedi, qui a récemment tenté de le faire abattre », écrit Africa Intelligence avant de préciser :
« Après avoir reçu fin 2023 un renseignement géolocalisant le chef de l’AFC dans un hôtel du territoire de Rutshuru, le chef de l’Etat avait donné ordre de l’abattre par un tir de drone. L’opération n’a toutefois pas été déclenchée, entre autres à cause du risque de dégâts collatéraux parmi les civils », rapporte le média.
Ces jours, Corneille Nanga est le chef omniprésent de la rébellion. Ceux qui la pilotaient (Bertrand Bisimwa et Sulutani Makenga) ont même accepté de s’effacer pour lui. Des analystes estiment qu’il s’agit d’une stratégie de Kigali afin que le M23 ait les allures d’un mouvement congolo-congolais après plusieurs accusations qui incriminent le Rwanda.
Charles Mapinduzi