En décembre dernier, des Congolais ont opté pour la « consolidation des acquis » du régime de Tshisekedi. De ces acquis, se dit-on, il y a entre autres, peut-être, la banalisation de la vie humaine, celle du Congolais né à des milliers de kilomètres de la capitale.
Que dire ? Près de 100 Congolais viennent d’être sauvagement assassinés dans des attaques sanglantes des terroristes ADF en région de Beni, dans le groupement Baswaha-Madiwe, secteur de Beni-Mbau (Nord-Kivu). D’ailleurs, en calculant le nombre total de ces 2 dernières semaines, les chiffres deviennent encore plus alarmants et vous font du froid au dos et de la chair de poule.
L’attaque avait eu lieu le 7 juin dans la journée, dans la localité de Bapakombe-Pendekali. Le premier bilan dressé était de 41 morts, selon les autorités locales qui prévenaient que le chiffre était provisoire, de nombreux citoyens n’ayant pas répondu à l’appel. Mais, 42 autres corps ont par la suite été découverts. Les uns ont été égorgés, les autres brûlés vifs. De dizaines d’autres corps ligotés ont aussi été aperçus flottant sur une rivière dans la contrée. Sans mentionner que des maisons ont systématiquement été incendiées et des biens pillés par les djihadistes.
Et que fait Kinshasa, pendant ce temps ? Rien, hormis un communiqué du porte-parole du gouvernement sorti tard ce lundi après un vif tollé sur les médias sociaux. Mais, jusqu’ici, aucun officiel n’avait toujours parlé du sujet, la radio nationale n’était peut-être même pas au courant, à moins d’avoir sciemment élidé la situation. Dans ce contexte, le chef de l’Etat a été aperçu au stade des Martyrs, déployant un large sourire, tout joyeux.
L’indifférente est donc totale. Les ressortissants de Beni et de l’Ituri victimes des atrocités des ADF ou des CODECO doivent apprendre à enterrer leurs morts. Pour Kinshasa, seules les Congolais tombés dans le conflit M23 valent le coup.
Pourtant, sur le terrain, la rébellion rwandaise n’est jamais autant cruelle que les ADF ou les CODECO. Les terroristes ougandais qui sont responsables de ces cruautés depuis 2014 se voient ainsi sur une voie balisée. Après Beni et Ituri, ils tentent de conquérir le territoire de Lubero via l’agglomération de Manguredjipa.
Au sein de l’opposition congolaise, des réactions se succèdent. Francine Muyumba du PPRD, Martin Fayulu ou encore Joseph Olengankoy ont dit leur consternation.
« Près de 100 Congolais tués à Beni. Sont-ils également Congolais comme d’autres? Le Kivu fait-il toujours partie du Congo ? Kinshasa est-il toujours capable de gouverner l’ensemble du pays? », a écrit la Kabiliste Muyumba.
Et, au président de l’ECIDE de renchérir
« Jusqu’à quand la RDC continuera-t-elle de pleurer ses morts, victimes de l’impuissance et de l’irresponsabilité d’un pouvoir illégitime et sclérosé à Kinshasa? Les ADF ougandais viennent, une fois de plus, de frapper, massacrant au moins 60 personnes près de Mangina, au Nord-Kivu. Abandonnés à leur sort, les citoyens congolais subissent chaque jour la violence généralisée dans le pays, tandis qu’à Kinshasa, on se perd dans les futilités ».
A son tour, Olengankoy a écrit :
« Plus de 60 personnes tuées, d’autres calcinées, c’est l’un des pires massacres des civils innocents de notre histoire. Je compatis à la peine des familles et je condamne avec la plus grande fermeté cet acte injuste. Le terrorisme doit être combattu sous toutes ces formes ».
A la suite de ces vives réactions sur les réseaux sociaux, le ministère des médias a fini par placer un mot.
« Le gouvernement de la République condamne l’incursion des éléments terroristes ADF dans les localités de Masala, Mahihi et Keme, en territoire de Beni », lit-on dans le document.
Kinshasa a toujours été condamné pour sa complaisance vis-à-vis des Congolais morts ailleurs que dans le conflit du M23. Des analystes estiment que seul la rébellion rwandaise préoccupe le régime en place pour autant qu’elle présente une menace au pouvoir de Félix Tshisekedi.
Charles Mapinduzi