Qui conseille Félix Tshisekedi ? Cette question est maintenant sur toutes les lèvres après la démarche judiciaire que le régime vient d’entamer contre l’archidiocèse de Kinshasa.
La question est légitime. Car, en s’en prenant directement à Fridolin Ambongo, Tshisekedi s’attaque au cœur même de l’Eglise catholique en RDC. Pas seulement, il vise aussi directement le Vatican, il vise le pape.
Pourtant, l’histoire récente de la République démocratique du Congo rappelle qu’aucun dirigeant qui s’est fait ennemi de la super-puissante Église romaine ne s’en est sorti gagnant. En 1972, Mobutu a tenté le coup contre le cardinal Malula mais la situation n’a pas du tout tourné en sa faveur.
La papauté a exercé une pression sur le maréchal dictateur jusqu’à ce que ce dernier ait décidé de céder et de laisser Malula agir librement. Pourtant, à ce temps là, Mobutu était un dieu vénéré qui trônait sur un pouvoir que personne ne pouvait secouer.
Après lui, Kabila fils s’est aussi fait des ennuis avec la même Église. Entre 2015 et 2018, le 4e président congolais a étouffé des manifestations jusque même dans les enceintes des concessions catholiques de Kinshasa où il a largué des lacrymogènes pour dissuader les protestataires. Mais, on sait qu’il a fini par partir après avoir fait face à une résistance inattaquable des Congolais dont les catholiques.
A comparer le régime Kabila à celui de Fatshi, il n’y a pas match. Aucun. Si le premier était assis sur une base solide, avec des services de renseignements, l’armée et la police acquis totalement au régime et fidèles au président, le second repose sur du sable. Un moindre vent peut l’écrouler sans beaucoup d’efforts. Comment donc, dans ce contexte, tente-t-il de s’attaquer à l’Eglise catholique au Congo, à son plus haut sommet?
Le chef de l’Etat congolais mesure-t-il les conséquences de ce qu’il fait ? Ou, se pense être un empereur dont l’empire ne s’écroulera jamais? Qui l’a donc conseillé de provoquer un essaim d’abeilles alors que son régime demeure fragile. Réfléchit-il au tsunami qu’il risque de provoquer en visant Fridolin Ambongo ?
En effet, Ambongo n’est pas juste un prête, un évêque. Il est l’un de 9 cardinaux qui forment le conseil direct du pape. Il bénéficie des immunités diplomatiques en vertu d’un accord signé avec le Vatican.
« UDPS et Union sacrée, sortez Félix Tshisekedi du terrible piège d’engager tout bras de fer judiciaire avec l’Eglise catholique romaine qui ne désavouera jamais son prélat », écrit un Congolais, avant qu’un autre n’iniste.
« Ce bras de fer constitue une perte de temps pour le pouvoir en place qui en sortira inévitablement affaibli, avec une réputation de petite dictature ».
Et, au prêtre congolais Bodjoko de frapper davantage :
« Le procureur général s’engage sur un terrain qu’il ne pourrait maîtriser par la suite. L’histoire est là pour nous enseigner et renseigner. A-t-il une balance? Qu’il se pèse d’affronter un cardinal de l’Eglise catholique », dit-il.
Tout compte fait, Fridolin Ambongo est déjà visé par la justice. Mais, celle-ci ira-t-elle loin ou s’agit-il d’une simple menace? Attendons voir.
Charles Mapinduzi
