Dès 2019, après l’accession de Félix Tshisekedi au pouvoir, une délégation du M23 a été accueillie à Kinshasa où elle a passé 14 mois, logée et nourrie par le gouvernement congolais. Pourtant, ce mouvement avait déjà été défait en novembre 2013 et ses animateurs contraints à l’exil en Ouganda et au Rwanda.
La résurrection de ces rebelles en 2019 leur a donné un nouveau tonus. Sauf que malheureusement, faute de compromis avec Kinshasa, ils ont décidé de combattre de nouveau la République dès novembre 2021. Depuis, le conflit s’est amplifié et 2 territoires entiers du Nord-Kivu échappent aujourd’hui au contrôle de l’Etat congolais.
Lors d’une récente conférence de presse co-animée avec le ministre Muyaya, Félix Tshisekedi l’avait reconnu, sauf que dans ses légendaires façons de se faufiler et de rejeter la faute aux autres, il a indiqué qu’il n’était pas au courant et que c’était une initiative de Gilbert Kankonde, ancien ministre de l’Intérieur.
Toutefois, nombre des Congolais n’ont pas cru en cette affirmation du chef de l’Etat pour autant que des questions aussi sensibles sur la sécurité du pays ne peuvent être traitées sans que le président de la République n’ait décidé.
Ces jours encore, plusieurs délégués des groupes armés locaux appelés abusivement Wazalendo sont à Kinshasa depuis plusieurs semaines. Parmi eux, des responsables des milices qui ont été impliquées dans des tueries, des vols, des viols et des pillages systématiques. Quelques-uns d’entre eux, comme le général autoproclamé Guidon du Nduma defence of Congo (NDC), étaient même déjà visés par un mandat d’arrêt.
Ces derniers ont été reçus par Félix Tshisekedi ce lundi 15 avril 2024.
« Ils étaient au total 42 et étaient conduits par le général Padiri », rapporte une source bien introduite.
« Auprès du président congolais, ils ont eu la garantie d’une dotation et des moyens conséquents pour faire face à la situation », renchérit-elle.
Ceux qui ont été reçus sont majoritairement des animateurs des milices du Nord-Kivu. Avant la fin de la semaine, le chef de l’Etat pourrait également recevoir d’autres délégués des groupes armés qui opèrent dans l’Ituri. Parmi eux, ceux envoyés par la CODECO, cette milice considérée comme la plus cruelle du pays après les terroristes ADF.
En effet, la CODECO est auteure de plusieurs exactions dont des tueries massives, des attaques des sites des déplacés, des pillages innommables, des incendies entiers des villages, etc. Malgré toutes les tentatives des autorités gouvernementales de les ramener au droit chemin, ils sont restés bestiaux.
Cependant, ils sont dans le lot de ceux qui rencontreront le président congolais au côté des FRPI, FPIC, etc. En 2022, Kinshasa avait également tenté la même démarche grâce au dialogue de Nairobi. Les mêmes animateurs des milices, sauf le M23, s’étaient réunis au Kenya avec comme objectif de faire taire les armes.
Mais, après les assises, les mêmes groupes armés s’étaient réengagés dans des exactions meurtrières et jusqu’à ces jours, ils demeurent incontrôlables?
La démarche de Kinshasa va-t-elle payer, cette fois? C’est toute la question. Mais, aujourd’hui, à Goma, les habitants pointent du doigt les mêmes Wazalendo dans l’insécurité qui s’est ancrée dans la ville.
« Comment voudriez-vous qu’on aide la RDC? Quand on légalise le travail des miliciens notamment sous sanctions de l’ONU pour crimes, et même sous mandat d’arrêt de la justice nationale », s’interroge un internaute.
Les Nations-Unies et même le régime de Kigali ont toujours accusé Kinshasa de travailler avec des groupes armés impliqués dans des crimes. Mais, le gouvernement congolais rejette constamment ces allégations.
Charles Mapinduzi