Comme dans un dicton populaire, si le mensonge prend toujours l’ascenseur, la vérité passe souvent par l’escalier. Peu à peu, 2 semaines après l’organisation d’une élection critiquée en République démocratique du Congo, la Commission électorale nationale se dévoile maintenant au public.
L’opposition congolaise, y compris nombreux observateurs ont dénoncé des scrutins parodiques qui n’avaient que pour objectif de faire élire le candidat-président de la mouvance au pouvoir. Des machines et bulletins de vote découverts entre les mains des particuliers l’ont clairement attesté. Mais, en dépit de dénonciations face aux faits avérés, les dénonciateurs ont été pris en partie et traités de tous les noms d’oiseaux.
Tout ceci, jusqu’à ce que la CENI vienne confirmer la forfaiture en invalidant 82 candidats dont au moins 80 issus de l’Union sacrée qui a porté la candidature de Félix Tshisekedi. Ces aspirants députés nationaux sont accusés de fraude, corruption, vandalisme du matériel électoral, incitation à la violence, détention illégale de la machine à voter, intimidation des électeurs et violence contre les électeurs.
Des cas flagrants qui ne peuvent nullement laisser indifférents. Cependant, quelque chose cloche. Les élections présidentielle et législatives étaient couplées. Curieusement, la CENI dit avoir noté une fraude à la députation nationale mais rien à la présidentielle.
Pourtant, la machine à voter elle-même prévoit d’abord le vote du candidat-président avant le vote à la députation. Ce qui sous-entend que si ces 82 candidats ont effectivement fraudé pour eux, c’est qu’ils l’ont également fait avant tout pour un candidat-président de leur choix. Et, dans le cas d’espèce, il s’agit bien de Félix Tshisekedi d’abord, si l’on tient essentiellement aux 80 invalidés, membres de l’Union sacrée.
Comment donc la CENI a-t-elle pu dénuder une fraude aux législatives sans faire autant pour la présidentielle ? C’est en tout cas la question qui est sur toutes les lèvres
« Ces machines qui ont été utilisées pour voter les députés n’ont-elles pas aussi été utilisées pour voter les candidats présidents ? Que la CENI nous dise exactement combien de machines ont été volées ou vendues ou je ne sais pas prêtées », s’interroge un internaute, avant qu’un autre ne renchérisse :
« Kadima et sa CENI devraient tout simplement aller jusqu’au bout de leur forfait à plus d’un milliard de dollars.
Il y avait un seul bulletin pour 4 scrutins. Ces gens qui ont volé à la députation ont aussi volé à la présidentielle. Pourquoi il a été pressé de proclamer la présidentielle« .
Et, de l’avis d’un autre Congolais, non seulement la CENI jette un discrédit sur elle-même mais aussi rejoint finalement l’opposition qui parle d’un simulacre d’élections. Ainsi estime-t-il que le débat est maintenant clos.
« Cette décision est une passe en or de la CENI en faveur de l’opposition qui réclame l’annulation de tous les scrutins du 20 décembre. Le bulletin était unique pour les 4 scrutins. Le requérant Théodore Ngoy brandira cette décision de la CENI comme une preuve que ceux-ci étaient entachés d’irrégularités et fraudes massives. La Cour constitutionnelle se retrouve ainsi piégée par la CENI« , mentionne-t-il.
Et à Patrick Mendeke, conseiller de Moïse Katumbi de lâcher :
« Par l’exclusion par la CENI des députés fraudeurs, Kadima reconnaît enfin la tricherie implantée par son union sacrée. Ce qu’il oublie est qu’un bulletin comprend aussi le président avant d’arriver aux députés. Annulons ces élections et arrêtons ce monsieur« , réagit le Katumbiste.
En un mot comme en mille, la décision de la CENI semble venir ouvrir une page qui risque d’avoir du mal à se refermer. Déjà, au sein de l’Union sacrée, des accusations à l’interne se multiplient.
« Les machines étaient transportées dans le véhicule du secrétaire général de l’UDPS pour voter également le président de la République », a rétorqué le député Charles Mbuta Muntu, secrétaire général de l’ACP du Ngobila, gouverneur de Kinshasa qui a s’est vu invalidité.
Charles Mapinduzi