Le silence des diplomates accrédités à Kinshasa est simplement coupable, sinon complice. Eux qui ne ratent souvent jamais l’occasion de prendre position par rapport à certaines questions au pays ne répondent toujours pas encore à l’appel alors que la République démocratique du Congo traverse l’une de ses situations les plus sombres de ces dernières années : le massacre à grande échelle des civils et l’agression rwandaise à l’est.
Pourtant, déjà depuis les pois écoulés, des manifestations sporadiques enregistrées ça et là sur l’ensemble du pays auraient en principe dû faire bouger les lignes. Car, ni plus ni moins, la colère des Congolais était intensément exprimée par cette mobilisation nationale. Mais, les chancelleries ont fait et continue de faire preuve d’une cécité inouïe. Ne dit-on pas que qui ne dit mot consent? On dirait que le silence des ambassades et consulats vient avaliser tacitement l’action de Kigali sur le sol congolais. C’est en tout en cas la lecture qu’on en fait ou qu’on peut en faire. Aucune sympathie à l’égard du pays hôte en dépit des attaques au cours de laquelle des indices sérieux ont prouvé la culpabilité du Rwanda.
C’est d’ailleurs cette attitude qui fâche également Francine Muyumba. La sénatrice du FCC s’inquiète que la communauté internationale pourtant omniprésente dans plusieurs dossiers congolais, parfois même les plus banals, se réserve de toute dénonciation. La Kabiliste pense que les ambassadeurs en poste en RDC soufflent chaque fois le chaud et le froid. Cette hypocrisie ne leur permet pas ainsi de prendre position contre le Rwanda.
« Jusque là, sauf si je me trompe, aucune ambassade ne démontre sa solidarité envers le pays hôte qu’est la RDC, en condamnant l’agression rwandaise. Le calme de la communauté internationale est justifié également par l’hypocrisie des ambassades surtout puissantes à Kinshasa », lance-t-elle.
Aujourd’hui, c’est un rideau de fer imaginaire, une guerre froide qui s’est déclarée entre Kigali et Kinshasa. Pourtant, il y a peu, Félix Tshisekedi et Paul Kagame entretenaient une fratrie que des Congolais dénonçaient chaque fois.
Pour tenter d’éteindre le feu, de nombreuses démarches ont déjà été faite mais en vain. Déjà en mai 2022, l’ancien président sénégalais, Macky Sall alors président de l’Union africaine, avait téléphoné les 2 hommes pour parler de ces accusations. Le président sénégalais avait alors annoncé que les discussions se poursuivraient dans le cadre de la CIRGL avec le président angolais Joao Laurenço.
Ce dernier, à son tour, a déjà entamé des démarches qui peinent à produire. Très récemment, Luanda a même informé que Kagame et Tshisekedi étaient d’accord pour une rencontre. Cependant, depuis, plus rien. Un silence radio se note à ce stade.
Les chancelleries occidentales qui sont très actives dans les dossiers de la Russie-Ukraine, de la Chine-Taiwan, d’Israël-Palestine, etc. sont amorphes pour l’affaire congolaise. Ils se limitent à trancher qu’il n’y aura pas de solution militaire à la crise. Une position qui réconforte le M23.
Charles Mapinduzi