Pourquoi le CSAC a-t-il interpellé Koffi Olomide ? Pourquoi la RTNC a-t-elle suspendu le journaliste Jessy Kabasele ? En effet, des officiels congolais ne se gênent pas de minimiser les faits sécuritaires dans l’est de la République démocratique du Congo. Peut-être est-ce même pour cela qu’ils sont restés indifférents depuis toutes ces années alors que des Congolais, leurs compatriotes, sont continuellement fauchés par des groupes armés.
Après Jules Alingete qui, il y a quelques mois, à Houston, aux USA, devant des investisseurs étrangers, avait lâché qu’il n’y avait pas de guerre au Congo et que ce n’est à 2000 kms de la capitale, dans certains villages isolés où des attaques se perpétraient, c’est le nouveau directeur de cabinet de Félix Tshisekedi qui choque l’opinion après la publication d’une vidéo dans laquelle il revient sur la situation sécuritaire en RDC.
Que ces propos aient été tenus avant ou après sa nomination à la tête du cabinet du chef de l’Etat, c’est du pareil au même. Car, lui qui dirige de fait le pays, pourrait bien orienter les décisions du chef de l’Etat sur base de cette lecture négationniste du dossier qui déchire la nation.
De même que Jules Alingete, inspecteur général des Finances, avait soutenu qu’il n’y avait pas de guerre dans le pays; de même, Antony Nkinzo a insinué que rien d’inquiétant n’était à signaler. Pourtant, le Nord-Kivu est en voie d’être confisqué totalement par les rebelles du M23 qui contrôlent déjà 4 des 6 territoires que compte la province et que le 5e territoire, celui de Beni, est entièrement menacé par des attaques terroristes ADF.
De quoi parlent donc ces officiels congolais qui, jusqu’à ce stade de la menace, y voient toujours des faits bénins ? Et, dire que c’est d’eux que doivent venir des solutions à ce problème, c’est cela qui inquiète.
« Un opérateur économique qui entend parler de la RDC et qui dit qu’il y a un problème de sécurité politique et même de sécurité physique au niveau de l’Est du pays, il se dit, devrais-je venir? Mais, ça se passe à 2000 kms de notre pays, à 2000 kms de la RDC, à 2h et demi de Kinshasa. Ça se passe dans un pays qui a aussi des investissements hôteliers, dans un coin de la République », a dit Antony Nkinzo dans une interview accordée à RFI.
Décidément, dans le mental de ceux qui gouvernent le pays, la RDC, c’est Kinshasa ; Kinshasa, c’est la RDC. Et, aussi longtemps que la capitale et le pouvoir ne seront pas encore menacés, aucune guerre ne pourrait être prise à sa juste valeur.
Ainsi, l’évolution de la situation donne finalement raison à Koffi Olomide qui a noté que le Congo n’était pas en guerre, partant du degré de méfiance qu’affiche Kinshasa vis-à-vis du conflit. Les rebelles progressent mais Kinshasa est indifférent, ayant certainement à l’idée que le conflit est à 2000 kms.
Les Congolais dans l’est ne sont-ils donc pas de citoyens à part entière qui méritent des égards de la République ? Pourtant, en marge de la campagne électorale, Félix Tshisekedi y a fait des tournées pour solliciter des voix qui lui ont permis de décrocher son second mandat. Que se passe-t-il donc? S’était-il servi d’eux simplement comme marchepied’?
Les assaillants contrôlent les territoires de Rutshuru, Masisi, Nyiragongo et Lubero. Suite à leur progression, des déplacés se sont amassés dans des camps, sans aucune assistance. A Kinshasa, on minimise toujours les faits.
Charles Mapinduzi