Une dizaine de jours avant, soit le 16 et le 17 mai, les troupes de Laurent Désiré Kabila venaient de chasser Mobutu de la capitale avant de s’emparer de la ville. Depuis Lubumbashi conquise un peu plus tôt, le nouveau chef putschiste s’était alors autoproclamé chef de l’Etat.
Et, quand le 29 mai fut arrivé, il tint son discours d’investiture au stade des Martyrs, devenant ainsi le 3e président de l’histoire du Congo. L’historien Benjamin Babunga revient sur les faits en ces termes.
Ce jour-là, 29 mai comme aujourd’hui, mai 1997, Laurent-Désiré Kabila prête serment au Stade Kamanyola (rebaptisé « Stade des Martyrs »), devenant officiellement le 3è Président de l’Histoire de la RDC.
C’était 12 jours après que ses éléments de l’AFDL ont investi Kinshasa, la capitale.
Cette intronisation avait marqué les esprits, car elle s’était déroulée dans un stade vide (le stade qui contient 80.000 places n’était pas rempli).
Les congolais ne s’étaient pas déplacés en masse pour l’investiture de celui qu’on qualifiait de « libérateur ».
Tous les alliés militaires de LD Kabila étaient présents : l’Ougandais Yoweri Museveni, le Rwandais Pasteur Bizimungu (le Rwanda ayant fourni le gros de troupes dans la conquête du pays), l’Angolais Dos Santos, le Burundais Pierre Buyoya et le Zambien Frederick Tshiluba.
L’enthousiasme de Kabila et de ses alliés était loin d’être partagé par la population. L’auto-proclamation était ternie par la non affluence des congolais.
Ils ont été nombreux à bouder la cérémonie, à l’appel de l’opposant intraitable Étienne Tshisekedi.
En effet, Étienne Tshisekedi, président de l’UDPS (Union pour la démocratie et le progrès social) avait appelé ses partisans à manifester le jour même, soupçonnant le nouveau maître de la RDC de vouloir installer une nouvelle dictature et exigeant « le départ du dictateur ».
Les statuts de l’AFDL, et surtout l’article 1 du Décret-loi constitutionnel 003 [du 27 mai 1997] attribuaient les pleins pouvoirs (exécutif, législatif et judiciaire) au Président Kabila, ce que ne cessait de fustiger Etienne Tshisekedi.
Peu de temps après sa prestation de serment, le révolutionnaire se mua peu à peu en autocrate rigide.
Sa pratique du pouvoir se raidit, il devint autoritaire, nommant lui-même ses députés, emprisonnant les opposants (dont l’opposant Étienne Tshisekedi) et journalistes, etc.
C’était, pour beaucoup, la fin des illusions et le retour à une réalité d’autant plus dure que le pays sombrait rapidement dans la violence.
En août 1998, une nouvelle rébellion va naître dans l’est du pays, orchestrée par les anciens alliés de Laurent-Désiré Kabila.
Charles Mapinduzi