Il était prévu une opération éclaire. L’armée ougandaise qui est entrée tambour battant en République démocratique du Congo en fin novembre 2021 promettait d’en finir avec les terroristes ADF en seulement 3 mois au maximum. Cependant, près de 2 ans après, les rebelles se baladent encore comme sur un terrain conquis dans les territoires de Beni, Irumu et Mambasa.
L’armée congolaise, elle, est au front depuis 2014. La guerre ouverte contre les ADF qui a débuté avec le général Lucien Bahuma Ambamba, tombeur du M23 en 2013, n’a jamais donné des fruits escomptés. Des généraux se sont succédé, des opérations militaires ont été comptées mais la nébuleuse ADF est restée intacte et continue de faire des ravages dans la zone.
Mais, l’espoir a été suscitée par la coalition FARDC-UPDF qui s’est présentée comme la dernière cartouche contre ce mouvement territoire sur qui pèse plus de 10 mille morts, de milliers de disparus et des économies pillées ou encore parties en fumée. La population de la contrée a espéré que 2 armées engagées contre un ennemi commun était une victoire acquise d’avance. Hélas! Les ADF sont devenus plus nocifs et, au lieu d’être anéantis, les djihadistes semblent plutôt avoir été dispersés dans les forêts du Nord-Kivu et de l’Ituri.
Au moment où la population s’attend impatiemment à de résultats pour fumer le calumet de la paix, la coalition FARDC-UPDF prend une décision qui frustre : elle appelle les ADF à se rendre.
« L’organisation Bridgeway en collaboration avec les forces conjointes FARDC-UPDF procéderont ce jeudi 10 août au largage des messages de sensibilisation à la reddition des combattants terroristes de l’ADF/MTM dans une zone où opèrent les unités de la coalition, à savoir le massif de Ruwenzori et la vallée de Mwalika », tel est le message de Mik Azukay, porte-parole des opérations conjointes.
L’appel est surprenant, car à ce stade et surtout près de 2 ans après le début des opérations militaires conjointes, les civils s’attendaient à des résultats plus concluants. Cet appel à la reddition semble traduire mal l’incapacité des armées congolaise et ougandaise à mater la rébellion. Autrement, comment des gens sans scrupule qui ont versé autant de sang de Congolais peuvent finalement être appelés à se rendre et à être traîtés conformément au droit humanitaire international ? Ne faut-il pas les y contraindre ? Autant de questions légitimes méritent donc d’être posées.
Gabriel Musafiri