Le régime de Kinshasa est à la défensive. Après des affirmations de James Kabarebe, ministre des Affaires étrangères au Rwanda au sujet du début des négociations secrètes entre la RDC et le Rwanda, le gouvernement congolais tire désormais sur tout ce qui bouge, question d’apporter un démenti formel.
Après cette nouvelle qui a secoué la toile le samedi et le dimanche 7 juillet dernier, les Congolais ne savent plus avec précision ce qui se passe réellement. En effet, dans une réaction à l’Agence congolaise de presse (ACP), les officiels congolais ont avancé qu’il n’y avait « jamais eu des discussions directes » avec le Rwanda sur l’agression en cours dans l’est par l’armée rwandaise lors de la retraite organisée par la Communauté des États de l’Afrique de l’Est (EAC) en Tanzanie.
A en croire la même source, lors de cette rencontre voulue avec insistance par Kigali et au moins 3 autres capitales de l’EAC, il y a eu des discussions informelles dans le cadre consultatif où la vice-ministre congolaise des Affaires étrangères a martelé sur la primauté du processus de Luanda pour aborder les tensions avec le Rwanda, la souffrance humaine et grave et les déplacements qui sont dus aux actions violentes de l’armée rwandaise.
Qui dit donc vrai entre Kinshasa et Kigali? Mystère. Mais, là n’est pas la question. Le fait est que si négociation il y a eu, il s’est agi de pourparlers entre la RDC et le Rwanda tel que l’a toujours souhaité Félix Tshisekedi.
Depuis le début du conflit, le chef de l’Etat congolais se montre totalement contre un quelconque dialogue entre lui et le M23 qu’il considère comme le pantin de Kagame. Ainsi indique-t-il que si Kinshasa doit parler, c’est uniquement et seulement avec Kigali.
Qu’est-ce qui irriterait donc les autorités congolaises si même négociations il y avait entre lui et Kigali? Encore que négocier n’a jamais nécessairement été un signe de faiblesse ni un tabou si cela peut aider à abréger les souffrances de plusieurs milliers des Congolais qui souffrent depuis plus de 2 ans?
Pourtant, comme le soutient l’ex-sénatrice Francine Muyumba, on devrait éviter le statu quo quand on n’est pas dans une position avantageuse.
« Ce que le Rwanda dit, il le fait. Ce que Kagame promet il le réalise. L’espoir d’un retour à la paix, la population de l’est commence à le perdre. Le statu quo, on ne l’applique pas lorsqu’on est en position de faiblesse », explique-t-elle.
Kinshasa ne devrait donc pas considérer le fait de « négocier » avec le Rwanda comme étant un tabou, surtout que sur le terrain, le M23 continue d’occuper des territoires entiers dans le Nord-Kivu au moment où les troupes gouvernementales ne parviennent pas à les repousser.
Le danger réside notamment dans le fait que non seulement les déplacés congolais crèvent de faim et de maladie mais aussi l’ennemi profite de ses progressions sur le terrain pour enregistrer de nouvelles recrues et enraciner ses conquêtes pour faire mal à la République.
Charles Mapinduzi