Le désespoir a envahi les âmes des Congolais au Nord-Kivu. Sur le terrain, le M23 semble finalement inarrêtable. Après quelques semaines de résistance autour de l’agglomération de Kanyabayonga, en territoire de Lubero, l’ennemi a finalement percé et a réussi à conquérir l’entité.
Mais, il ne s’est pas arrêté là. Car, en moins de 48h, il a réussi à s’emparer également de Kirumba, Kayina et Kaseghe qui étaient considérés jusqu’ici comme d’importants verrous. Des images qui ont circulé sur les médias sociaux ont même montré un équipement de l’armée congolaise abandonné et récupéré par les assaillants.
Au Nord-Kivu, des questions sans réponses se multiplient à ce sujet. Des civils ne comprennent pas comment les FARDC ne parviennent plus à tenir face au groupe armé pro-rwandais. Ils y soupçonnent des complicités. Aussi, ce qui les irritent davantage, c’est l’attitude des autorités de Kinshasa qui donnent l’impression de ne pas prendre la menace au sérieux.
Dans ce contexte, de jeunes se montrent trop hostiles, d’abord contre le gouvernement, ensuite contre l’armée. Et, en même temps, contre les organisations internationales soupçonnées par eux d’être à la solde du M23.
Dans la nuit du dimanche à ce lundi 1 juillet 2024, ces jeunes ont attaqué des jeeps de l’ONG Tear Fund qui quittaient le territoire de Lubero après la prise de Kanyabayonga par les assaillants.
A bord étaient 15 humanitaires qui ont été confrontés à une terrible résistance. 5 de leurs jeeps ont alors été brûlées ainsi que 2 motos. Une source sur place indique que 2 personnes dont un homme et une femme ont aussi trouvé la mort. Les autorités étatiques de la place parlent plutôt de 3 personnes disparues.
Mais, l’hostilité s’est accrue. Car, dans la même ville de Butembo, le samedi dernier, d’autres jeunes ont saccagé un hôtel 5 étoiles. Selon eux, un officier FARDC s’y est caché après avoir fui les affrontements à Lubero. Mais, après la fouille, tout a été établi que ce n’était que des rumeurs.
Les civils craignent que le M23 aille plus loin suite aux replis stratégiques réguliers de l’armée. Depuis le début de la guerre, le groupe armé contrôle plus de 50 localités et cités à Lubero, Rutshuru, Masisi et Nyiragongo.
Dans son message en marge de 64 ans d’indépendance,Félix Tshisekedi a promis des mesures courages sans préciser lesquelles. Malheureusement, sur le terrain, rien de tel n’est encore visible.
Charles Mapinduzi