L’égoïsme et l’amour intéressé de soi sont en train d’écrouler l’Union sacrée de Félix Tshisekedi qui, au départ, est un géant aux pieds d’argile. Nombreux savaient que la famille politique du chef de l’Etat bâtie sur le mensonge, la corruption, la fraude, la triche n’allait pas survivre au tsunami politique qui s’annonçait, celui autour du partage du gâteau, ce butin issu du hold-up électoral de décembre 2023.
Déjà, les résultats des législatives ont créé des révoltés au sein de la coalition. Certains d’entre eux ont carrément choisi de rejoindre la rébellion du M23 dans l’Est. Mais, la dissidence ne va nullement s’arrêter là. Les mécontents seront nombreux étant donné l’ampleur des enjeux.
Les grosses fissures actuelles sont notamment celles relatives au partage des responsabilités pour le perchoir de l’Assemblée nationale. Sans associer les autres composantes de l’Union sacrée, le présidium s’est distribué les postes comme de petits pains. Mboso Nkodia qui vient de présider la même Chambre s’est encore porté candidat 2e vice-président comme s’il n’y avait pas mieux que lui. Jean-Pierre Bemba a classé sa sueur biologique, Caroline Bemba. Bahati Lukwebo propulse son propre fils. Pendant ce temps, bien que logiquement, Vital Kamerhe prend la tête de la Chambre.
Et que deviennent tous les autres partis et regroupements politiques? Ils n’ont leurs yeux que pour pleurer. Si la bonne viande est à partager entre Sama Lukonde, Vital Kamerhe, Jean-Pierre Bemba, Bahati Lukwebo, Christophe Mboso et Augustin Kabuya ; eux, devraient peut-être attendre leur tour qui ne viendra peut-être même pas.
Mais, on peut dire que la grogne déclenchée après l’annonce du ticket Union sacrée ne risque pas de passer sans faire des ravages. En effet, des critiques courent dans tous les sens. Plus de 200 députés ont même sorti une déclaration commune pour dénoncer ce népotisme, appelant ainsi Félix Tshisekedi à agir au plus tôt.
Et, cela ne s’est pas arrêté là. Contre la volonté du présidium, nombreux acteurs de l’Union sacrée se sont portés candidats contre le ticket de leur propre famille politique.
« À l’Union sacrée, les présidents des partis et regroupements politiques sont des garçons de course. Ils n’ont jamais été consultés. Phénomène jamais vécu dans le passé. Nous sommes en train d’assister à un recul démocratique criant. Une oligarchie se consolide sous nos yeux. La résistance s’impose », a même réagit Steve Mbikayi, ancien ministre de l’ESU.
Ce climat morose vient inéluctablement sonner le glas de la fin de la coalition. Les derniers désespérés s’annoncent au lendemain de la sortie du gouvernement Judith Suminwa et de la nomination des responsables au sein des entreprises publiques.
Le pays ne devrait donc pas être surpris de réaliser que nombreux d’entre ceux qui ont soutenu Félix Tshisekedi, pas parce qu’il est bon mais parce qu’il a des postes à donner, ont décidé de rejoindre le M23, groupes armé pro-rwandais.
D’ailleurs, certains citoyens qui se sont alliés à Nangaa ont justifié leur attitude par le fait que, disent-ils, le pays était comme un avion sans pilote; allusion faite à la gouvernance mécanique du régime de Kinshasa.
Comme le témoignent nombreux « Union-sacralistes », le pays nage dans un océan et risque de chavirer à n’importe quelle occasion. On peut donc soupçonner que ceux qui avancent autant d’arguments seront tentés de se radicaliser s’ils ne trouvaient pas leur compte dans la prochaine équipe gouvernementale ou si les puissants du régime continuaient à se gaver de rôti au détriment d’autres composantes.
Charles Mapinduzi
