L’une des choses que la coalition au pouvoir sait mieux faire, c’est perdre du temps à la République à cause des appétits gloutons autour des postes politiques.
On sort à peine d’une interminable guéguerre autour de la formation du gouvernement ainsi que de la présidence de l’Assemblée nationale. Alors que le pays n’a pas encore retenu son souffle, un nouveau tiraillement naît au Sénat autour du bureau provisoire qui doit organiser l’élection du bureau définitif.
Les 2 doyens d’âge, Jonas Mukamba (93 ans) produit de la coalition UDPS et Pascal Kinduelo (86 ans) ont aussi lancé leurs hostilités. Le premier récemment élu veut prendre la tête du bureau d’âge piloté par le second qui, à son tour, veut s’accrocher, parce que, dit-il, le plus vieux des sénateurs a tardivement été élu après l’installation du bureau d’âge et que l’élection du bureau définitif n’est prévu que dans quelques jours.
Le dimanche dernier, sous les auspices d’Augustin Kabuya, secrétaire général du parti au pouvoir, a tenté de trouver un terrain d’entente. D’ailleurs, à l’issue des assises, l’information qui a été relayée a été que Jonas Mukamba a finalement accepté de laisser son jeune frère continuer à la tête provisoire du Sénat.
Mais, décidément, c’était loin d’être le cas. Dans un communiqué, le camp Mukamba refuse de lâcher-prise et veut coûte que coûte prendre ce qui lui revient. Il exige l’application de la constitution qui prévoit que le plus âgé du Sénat dirige le bureau provisoire.
« Le respect de la légalité et de la constitution, les principes de l’honneur et de l’élégance politique reconnues aux hommes d’État, demeurent le fondement des valeurs qui élèvent les institutions de la République, particulièrement la Chambre haute et de sagesse que représente le Sénat. La stricte observance et l’application des textes qui régissent la République étant impératifs et non négociables, le patriarche Jonas Mukamba réaffirme sa position contenue dans la déclaration des avocats des Forces politiques alliées à l’UDPS ».
Il s’agit donc là d’une nouvelle paire de manche. Jonas Mukamba qui vient à peine de voir son mandat de sénateur validé ne veut pas laisser son jeune frère continuer la tâche alors que l’élection du bureau définitif est très proche. À son tour, Pascal Kinduelo qui se reconnaît plus jeune que Mukamba tient à s’accrocher.
Pendant ce temps, les questions essentielles de la nation sont sciemment élidées à cet autel des intérêts partisans. Comme le disait Jean-Claude Vuemba, l’Union sacrée au pouvoir semble n’avoir pas des urgences sur lesquelles se pencher pour répondre au besoin du peuple. Ce qui l’intéresse particulièrement, a-t-il dit, ce sont des postes au sein des institutions.
Peut-être qu’encore, lors de la mise en place du bureau définitif, le pays revivra le même cirque qui ne fera que retarder la bonne marche du pays.
Charles Mapinduzi