La peur a changé de camp. Si le régime en place s’espérait bien assis sur l’ensemble du territoire national grâce à un bilan qu’il n’arrête de considérer comme largement positif, la campagne électorale qui a débuté il y a une semaine, est venue le désillusionner.
Du Kongo Central à l’espèce Grand Équateur en passant par le Maniema, Félix Tshisekedi a eu une douche froide. Des populations qui se sont mobilisées pour l’écouter ont trouvé un moment propice pour lui rappeler ses échecs et ses promesses irréalisées au cours de 5 dernières années.
Dans certaines villes, le président sortant n’en est pas revenu. Des Congolais lui ont exigé de restituer l’argent ponctionné par la taxe RAM. Dans d’autres, il a été taxé de voleur. Et, c’est à Kindu, au Maniema où le successeur de Kabila a connu un vrai baptême de feu.
Province des opposants Matata Ponyo, Ramazani Shadari, Salomon Idi Kalonda, celle-ci semble déjà acquise en défaveur du pouvoir en place : « Restituez notre argent RAM, voleur, libérez Kalonda, baissez le taux du dollar », etc. Voilà des chahuts qui ont interpellé Félix Tshisekedi lors de son meeting à la tribune centrale de Kindu la semaine dernière.
Le président congolais qui n’avait pourtant jamais visité cette province n’a pas réussi à digérer la leçon. Son adresse à ses compatriotes de la place n’a duré que quelques dizaines de minutes puis ce dernier a aussitôt repris son avion pour Kinshasa.
Dans ce contexte, alors que Matata Ponyo est rentré à Kindu le samedi dernier pour préparer l’arrivée de Moïse Katumbi sur le lieu, le maire a décidé d’interdire les meetings à cette place stratégique. Il justifie sa démarche par le fait que le lieu est en délabrement très avancé et mérite d’être d’abord réfectionné au moment où pour Félix Tshisekedi, il n’a pas mentionné les mêmes faits.
« Idrissa Mangala instruit le maire de Kindu de fermer la tribune centrale de Kindu pour qu’aucun autre candidat ne puisse y accéder après le passage de Tshisekedi. Ils craignent qu’on compare la mobilisation du duo Ponyo-Katumbu à celle du président en exercice« , dénonce un activiste du mouvement Filimbi.
Ce qui reste évident, c’est que la course à la présidentielle est très glissante pour le pouvoir. Au lieu de présenter son bilan quinquennal et se projeter dans l’avenir, le candidat de l’Union sacrée s’évertue à lancer des attaques ciblées contre son principal opposant Moïse Katumbi qu’il présente à l’opinion comme le candidat des étrangers.
Sur le plan mobilisation des masses, le no 3 à la présidentielle ne fait que s’emparer des entités, surtout à l’Est où il a entamé sa tournée. De nombreux Congolais ne se privent pas de jurer par le nom de l’ex-gouverneur. Sauf fraude électorale, le régime risque d’être désillusionné dans les urnes.
Charles Mapinduzi
