Félix Tshisekedi est-il déjà élu avant même les élections ? Ses adversaires politiques redoutent bien ce scénario. Déjà, ils l’accusent d’avoir réussi à confisquer tous les leviers importants qui favorisent la fraude électorale massive. Pour les opposants, le président sortant détient dans sa poche la Commission électorale nationale indépendante, la Cour constitutionnelle, les services de sécurité, les moyens financiers ainsi que toute la justice. Pour eux, ceci est déjà en soi un mauvais présage.
Toutefois, ils opposent à Tshisekedi son propre bilan. Ils notent une multitude de promesses qui ont été faites en 5 ans mais dont la plupart n’ont pas été réalisées. Par exemple, sur le plan sécuritaire, l’opposition rappelle au régime que la partie orientale du pays demeure en feu et en sang, qu’une partie reste toujours entre les mains des assaillants M23.
Sur le plan économique, elle présente une situation intenable sur le terrain, avec la dépréciation de la monnaie nationale face aux devises étrangères dont le dollar alors qu’en même temps, le prix des produits sur le marché va crescendo. Sur un autre chapitre, les adversaires du président sortant dénoncent le bradage des ressources naturelles qui continue; la corruption et les détournement des deniers publics se portant toujours en merveille.
Par ailleurs, certains bouches s’inquiètent de la dilapidation de l’argent de l’Etat par des déplacements improductifs du chef de État ainsi que l’enrichissement illicite de son cercle restreint face à une impunité qui ne dit pas son nom. Et pour eux, il n’est pas question que Félix Tshisekedi soit réélu, sauf si les scrutins sont un hold-up électoral.
Cependant, en dépit de cette image que se fait l’opposition congolaise, les Tshisekedistes ne décolèrent pas. Eux sont d’ores et déjà convaincus que leur leader s’est déjà payé un billet pour continuer de diriger la RDC après décembre prochain.
Steve Mbikayi, ex-ministre de Kabila qui a rejoint l’Union sacrée voit un couloir libre laissé au successeur de Kabila. Celui-ci puise ses arguments dans le fait que l’opposition congolaise est désorganisée face à une mouvance au pouvoir qui s’organise de plus en plus.
Par exemple, il rappelle qu’en 2006, Joseph Kabila était en face d’un Jean-Pierre Bemba tout feu tout flamme. En 2011, se souvient-il, la bataille des fauves a eu lieu entre Kabila fils et Tshisekedi père, en plus de Vital Kamerhe. Steve Mbikayi fait remarquer qu’en 2018, les coalitions LAMUKA et CACH se sont constituées pour faire face au FCC.
Toutefois, affirme l’ancien ministre de l’ESU, en 2023, l’opposition se présente désorganisée, avec d’une part, ceux qui boycottent les scrutins et d’autre part, ceux qui n’ont pas d’encrage sur le territoire national.
« Visiblement, la présidentielle de 2023 est sans enjeu majeur faute d’adversaire de taille. Tout se dessine. Le boycott des uns et des autres, la crise identitaire de certains et leur encrage uniquement régional laisse un boulevard ouvert pour un passage sans accrocs. Le suspens est de savoir qui contrôlera l’Assemblée nationale », dit-il dans une tribune libre parcourue par Partisan-rdc.net.
Dans la même analyse, Mbikayi soutient que l’opposition pourrait être dirigée par Moïse Katumbi tout en étant sensiblement minoritaire dans l’hémicycle mais que l’ex-gouverneur pourrait bien être parmi les grands jokers de la présidentielle de 2028. Pour lui, Martin Fayulu s’enterre avec son boycotte des élections en voulant imiter Étienne Tshisekedi.
Quand à Kabula, dit-il, les départs annoncés et non annoncés de ses acolytes doubles du boycott des élections lui laissent peu de marge de manœuvre. « Sauf l’arrivée sur scène d’un outsider solide, le résultat de la présidentielle est prévisible », tranche Steve Mbikayi.
Charles Mapinduzi