Jusqu’où ira Félix Tshisekedi, lui qui est presque fin mandat mais qui est résolument engagé à rempiler en décembre prochain ? Évidemment que face à lui, il y a une opposition qui s’organise peu à peu pour lui faire barrage. Bien que bénéficiant de tout le nécessaire que lui confère le pouvoir, sa réélection ne sera pas du tout une mince affaire. Il devra batailler le plus durement possible, du moins s’il tient à l’emporter selon les règles.
En attendant, il y a cette catégorie de Congolais qui ne jurent que par lui. Parmi les plus radicaux d’entre eux, il y a des militants de l’UDPS, des conducteurs des moto-taxis dits wewas à Kinshasa ainsi que des originaires de la même province et tribu que le chef de l’État. Jusqu’ici, ces derniers se sont montrés impitoyables à l’égard de tout celui qui ose critiquer l’action gouvernementale de Félix Tshisekedi.
De nombreuses actions d’intolérance politique ont été enregistrées depuis l’avènement du fils du sphinx au pouvoir. Sans se gêner, ses partisans préviennent qu’ils garderont même leur leader au pouvoir au delà de ce que prévoit la constitution : jusqu’au retour de Jésus-Christ, osent même scander les plus téméraires d’entre eux. Pour eux, c’est leur tour de gouverner, le pouvoir étant maintenant à eux. Et ceux qui osent penser autrement sont soit ciblés par d’innommables injures ou directement attaqués physiquement.
On a vu, en marge d’une manifestation de l’opposition le samedi 20 mai dernier à Kinshasa, des Tshisekedistes ont déferlé dans les rues de la capitale munis de manchettes pour traquer les adversaires politiques du chef de l’Etat, cela sous le regard inerte des autorités congolaises. Pour ces partisans, c’est Félix Tshisekedi ou rien. Ceux qui tenteront de lui barrer la route ne pourraient s’en prendre qu’à eux-mêmes. Des déclarations qui viennent préparer le lit à des violences et à des élections ensanglantées d’ici 4 mois.
Pourtant, dans une élection réellement démocratique, il n’est pas exclu que le régime actuel perde face à l’opposition. Mais, à l’allure où vont les choses, les Tshisekedistes ne semblent pas prêts à encaisser la défaite. Au regard de ce qui se vit au pays et compte tenu de ce qui s’observe au pays où des militants du parti au pouvoir prennent l’allure d’une milice, le décor d’une guerre civile est en train d’être planté peu à peu. Peut-être pas guerre civile au vrai sens du terme mais tous les signaux sont bien au rouge que des violences pourraient suivre l’échec à la présidentielle de l’actuel dirigeant congolais.
Nombre d’analystes craignent que si Félix Tshisekedi ne l’emporte pas, ses partisans se déchaînent sur les vainqueurs et rendent la capitale ingouvernable et ainsi exploser le pays. Ça craint donc, surtout que les autorités congolaises accordent la liberté la plus totale à cette sorte de milice proche du pouvoir. Si les prochains votes donnent vainqueur l’opposition, la RDC risque de vivre le déluge provoqué notamment par des membres de l’UDPS, par ceux de la même tribu que le président ou encore par ces politiciens qui ont rejoint l’Union sacrée et qui espèrent continuer à être servis grâce au régime actuel.
Il est en effet incompréhensible que des gens qui ont milité plus de 37 ans au sein de l’opposition, ceux qui ont critiqué plus de 3 régimes successifs, soient insensibles au fair-play démocratique. Car, jamais le pays n’a connu autant d’intolérance à l’égard de ceux qui ont décidé de ne pas chanter le régime en place. Même sous la dictature de Mobutu, on n’en est pas arrivé à ce stade. Mais, pour éviter d’embraser le pays qui a déjà autant de problèmes, la coalition au pouvoir a la lourde responsabilité d’éduquer ses militants sur le jeu démocratique que le Congo s’est librement choisi et pour lequel ils ont combattu des années durant. Contrairement, le successeur de Tshisekedi risque d’avoir le malheur de venir diriger une République qui aura été divisée et détruite à cause de l’intolerence des Tshisekedistes qui sont incapables de digérer que dans une élection, il y a toujours un vainqueur et un vaincu et que les scrutins peuvent toujours tourner en faveur de l’opposition selon que le peuple l’aura décidé.
Gabriel Musafiri