Même si tous les pronostics lui donnent perdant à la prochaine élection présidentielle en République démocratique du Congo, Félix Tshisekedi doit être heureux de voir son plan fonctionner.
Lui qui est terrassé par son bilan quinquennal sait qu’il a déjà été désavoué par les Congolais. D’ailleurs, ses tournées à l’intérieur du pays l’ont attesté. Des citoyens déçus lui ont rappelé ses nombreuses promesses jamais tenues.
Mais, ce que voulait le président sortant marche comme il l’a voulu : diviser les acteurs politiques majeurs de l’opposition afin que, face à une machine installée pour la fraude électorale massive, leurs efforts n’aboutissent pas.
Malheureusement, le plan bénéficie de l’accompagnement des acteurs majeurs qui savent que pour faire plier Félix Tshisekedi, il faut impérativement que l’opposition se ligue derrière un ticket et un programme communs.

Martin Fayulu, Adolph Muzito, Denis Mukwege et Delly Sesanga accompagnent ainsi Félix Tshisekedi. Et, ils le font sciemment. Car, chevronnés de la politique congolaise, ils savent que toutes les énergies doivent être conjuguées pour rassurer à l’opposition une victoire écrasante. Mais, en dépit de cette évidence, ils mettent en avant leur égo et préparent le lit au régime en place qu’ils n’arrêtent de critiquer, pourtant.
Sans se pencher vers n’importe quel acteur politique de l’opposition, Moïse Katumbi s’est plus révélé être le candidat commun de l’opposition grâce à un certain degré de consensus autour de sa candidature. Il a d’abord été rejoint par Matata Ponyo, un des principaux opposants du pays. Puis, le candidat-président Seth Kikuni s’est désisté en sa faveur. Ensuite, Franck Diongo qui a également déposé sa candidature à la présidentielle a choisi l’ex-gouverneur. Sans oublier la bénédiction dont le président d’Ensemble pour la République a bénéficié de la part du leader Ne Kongo Jean-Claude Vwemba ou encore de l’opposant Corneille Nanga
Par ce tableau, Moïse Katumbi qui a réussi à pêcher derrière lui 3 présidentiables fait en quelque sorte l’unanimité, contrairement aux autres (Muzito, Fayulu, Sesanga et Mukwege) qui, jusqu’ici, n’ont eu aucun désistement en leur faveur. Bien plus, sur le terrain ainsi que dans l’opinion, l’ex-gouverneur semble plébiscité comme le principal challenger du président sortant. Il est celui qui a le plus mobilisé du monde.
Les autres acteurs politiques engagés contre le régime devraient ainsi se rendre à l’évidence et privilégier une lutte commune, plutôt que d’amenuiser leurs efforts en donnant plus de marge de manœuvre au régime en place. Le pays et les Congolais ont besoin du changement. Mais, ce changement ne viendra pas de la satisfaction des égos personnels.
Qu’à seulement 20 jours des élections, l’opposition ne soit toujours pas en mesure de s’accorder sur une personnalité commune est en soi une passe d’or à Félix Tshisekedi. Et, si Sesanga, Mukwege, Fayulu et Muzito demeurent jusqu’au-boutistes en ne rejoignant pas le camp Katumbi où il s’est plus tracé un peu plus de consensus, l’opinion pourrait alors tirer des conclusions que leur lutte n’était pas celle d’obtenir le changement mais qu’elle était celle de positionnement.
Charles Mapinduzi