Le régime de Kigali est-il à l’origine de tous les maux congolais ? Bien que clairement identifié comme à l’origine de la déstabilisation du Nord-Kivu via sa milice, le M23, le Rwanda n’est pas à la base de détournements des fonds, du clientélisme, de l’amateurisme et du tâtonnement au sommet de l’Etat en République démocratique du Congo.
Des responsables congolais entretiennent sciemment des manoeuvres qui ne permettent pas au géant endormi de se réveiller de ses cendres. Pourtant, ils n’arrêtent d’accuser constamment Paul Kagame d’être le diable à abattre.
Comme dans ses habitudes, le régime de Kinshasa, notamment par Félix Tshisekedi, Patrick Muyaya ou encore Christophe Lutundula s’évertue à tirer à boulets rouges sur Kigali qu’il accuse, à tord ou à raison, d’envahir l’est.
Cependant, bien que le fait soit tel et que ces accusations soient justifiées au regard du rôle que le Rwanda joue dans la déstabilisation du Nord-Kivu, Felix Tshisekedi est pointé du doigt dans sa stratégie de se servir de cela comme bouc émissaire pour couvrir son incapacité à gouverner le Congo.
Des Congolais soutiennent que si Kagame qui est à la tête d’un pays qui a la dimension d’un seul petit territoire congolais peut agenouiller le Congo, c’est de la faute aux dirigeants de la RDC suite à leur incapacité de mettre en place un système de défense qui soit dissuasif et une réforme adéquate des services de sécurité.
Et pourtant, le gouvernement Fatshi se sert du discours anti-Kigali pour assurer sa longévité au pouvoir. D’ailleurs, un des anciens opposants aujourd’hui ministre du gouvernement Sama avance que c’est cela qui différencie Tshisekedi de ses prédécesseurs.
« Pour la première fois, nous avons à la tête du pays, un président capable de citer clairement le Rwanda comme agresseur de la RDC. Cela atteste de sa bonne foi. Voilà pourquoi nous devons le soutenir et lui refaire notre confiance », laisse-t-il attendre.
Alors que la présidentielle est à seulement moins de 2 mois, des partisans du pouvoir estiment qu’un candidat digne doit être celui qui est capable de citer nommément le Rwanda. Déjà, ceux-ci se sont attaqués à Moïse Katumbi qui a fini son récent discours sans mentionner Kigali dans la déstabilisation du Congo.
Pour Patrick Muyaya, cela cloche.
« Lorsque vous prétendez devenir président dans ce pays, vous n’êtes pas en mesure de citer nommément l’agresseur qui s’appelle le Rwanda… ça pose un problème pour les Congolais », a-t-il dit.
Mais, déjà, des Katumbistes soutenaient que citer nuit et jour le nom du Rwanda cachait mal l’absence de leadership de Félix Tshisekedi. Pour eux, le retour de la paix passe par la bonne gouvernance au sommet de l’État.
Charles Mapinduzi