Ceux qui s’attendaient à la baisse du train de vie des institutions en République démocratique du Congo devraient peut-être longtemps attendre. Si l’affaire 21.000$ accordés aux députés nationaux a fait couler encre et salive il y a quelques mois, l’Etat congolais ne s’est pas privé de gonfler davantage l’enveloppe prévue pour les élus.
Selon le projet de règlement d’ordre intérieur de l’Assemblée nationale, la Chambre basse fixe les émoluments du député national à 33.000$ par mois. Puis, il prévoit que chaque élu ait désormais 2 assistants parlementaires qui seront respectivement payés 3.300$ chacun. Ce qui chiffre à 39.600$ les fonds qui seront débloqués tous les mois en faveur de chaque élu.
Une redistribution qui contraste avec la situation socio-économique et sécuritaire du pays. Dans une République où le budget annuel nage dans les 16 milliards de dollars, le gros morceau reste réservé aux institutions.
Les fonctionnaires de l’Etat se plaignent, les militaires crèvent de faim, les enseignants hurlent, les médecins se sentent abandonnés et crient misère. Le développement est toujours statique, la crise économique bat son plein fouet.
L’économiste Noël Tshiani note et déplore une redistribution inéquitable des richesses du pays et plaide pour que le salaire dans le secteur privé et public soit aussi fixé par la Chambre basse.
« Je demande à l’Assemblée nationale de fixer par la même occasion le salaire minimum garanti dans le secteur privé et public à 1000$ par mois pour toute personne travaillant en RDC. Soyons justes à l’égard de tous nos concitoyens. Fixons aussi par la même occasion les salaires d’autres catégories socioprofessionnelles tels que les professeurs et enseignants, les médecins et infirmiers, les militaires et policiers. Nous ne devons pas dorloter certains et sacrifier les autres dans le même pays », réagit l’ancien candidat à la présidentielle.
Noël Tshiani soutient que la redistribution des richesses nationales doit être équitable, une redistribution qui ne frustre pas les autres.
On ne l’ignore pas, plusieurs promesses ont déjà été faites en faveur des fonctionnaires de l’Etat. Par exemple, peu avant son accession au pouvoir, Félix Tshisekedi promettait une voiture, une maison et un salaire décent à chaque policier et militaire.
Cependant, tout ceci n’est resté que leurre. Pendant ce temps, les animateurs des institutions se gavent et voient leur salaire galoper tous les ans. Ce qui irrite des Congolais qui se sentent oubliés par le pouvoir public.
Charles Mapinduzi