Joseph Kabila a 53 ans ce mardi 4 juin 2024. Arrivé à la tête du pays en janvier 2001 alors que 5 ans plus tôt, personne ne pouvait parler de ce fils à papa, le pays a vraiment vu grandir le jeune président qui n’avait que 29 ans, à ce temps-là.
Sans entrer dans des considérations politiciennes qui, très souvent, divisent l’opinion quant à ce qui est de la gouvernance de l’ex-président devenu sénateur, il ne demeure pas faux que l’homme est resté aussi énigmatique qu’imprévisible.
Pendant, tout comme après son règne, Kabila est resté en dehors des polémiques, même quand des partisans s’en sont pris directement à lui à travers les médias. Taciturne et toujours trop réservé, depuis 2001, il est difficile de savoir ce qui se passe exactement dans sa tête, 24 ans après.
En 2016, par exemple, alors que la plupart de ses proches attendaient qu’il brigue un 3e mandat, le fils de Laurent Désiré est resté muet jusqu’à la dernière minute, perdant ainsi, en pronostics, les Congolais et la communauté internationale.
De ce jour, après avoir passé le témoin à Félix Tshisekedi, son successeur, l’opinion s’interroge au sujet des intentions du sénateur à vie : compte-t-il revenir? S’est-il déjà totalement désengagé de la vie politique du pays au moment même où son Front commun pour le Congo (FCC) se vide totalement de ses cadres?
Que dire? Même ses proches collaborateurs ne parviennent pas à le raisonner en dépit de rapprochements qu’ils ont eus avec lui. Colette Braeckman, Alexis Tambwe Mwamba, Vital Kamerhe ou encore Néhémie Mwilanya (le tout dernier directeur de cabinet de Joseph Kabila), racontent, chacun, ce qu’ils pensent du prédécesseur de Félix Tshisekedi, dans des extraits sélectionné par l’économiste Benjamin Babunga Watuna :
Depuis son arrivée au pouvoir en janvier 2001, il est resté une énigme. Dans son entourage, la plupart de ses conseillers reconnaissent qu’ils ne connaissent pas les projets réels de leur chef, pas plus que les stratégies qu’il compte mettre en œuvre. La plupart d’entre eux ignorent tout autant en qui Joseph Kabila a réellement confiance.
La réalité, c’est que le compartimentage étant devenu une seconde nature, le « Raïs » n’a montré à personne la totalité de ses cartes. Sans illusions sur ses amis, il est aussi capable de diviser ses ennemis, de les retourner en sa faveur, de garder en réserve quelques « cavaliers », des pions qu’il avancera en temps utile… Malgré les années qui ont passé, Kabila est resté un homme seul, convaincu du destin tragique qui pourrait l’attendre, comme avant lui son père, son grand père, sa tante et d’autres encore, qui ont péri de mort violente.
Dix sept ans après l’arrivée au pouvoir d’un jeune militaire peu loquace, (mutique disait la presse française…) même ses opposants reconnaissent que leur principale erreur fut d’avoir sous estimé Joseph Kabila.
(extrait du Carnet de Colette Braeckman du 10 février 2018).
Dès que je l’ai rencontré, j’ai été conquis par sa personnalité hors du commun, par son intelligence, mais surtout par son grand sens de l’Etat. Ce n’était pas un politicien au sens où nous l’entendons communément, mais un homme pour qui le bien et la pérennité de l’Etat constituaient des idées fixes.
(Alexis Thambwe Mwamba. Extrait de ses Mémoires, dans son ouvrage intitulé « Du village à la République ».
Mes contacts réguliers avec Joseph Kabila m’ont amené à conclure qu’il est réellement l’homme de la rupture avec le passé. Je perçois en Joseph Kabila les qualités d’un architecte d’une armée moderne et dissuasive, qui pourrait faire oublier au Congo les souvenirs des humiliations subies.
J’ai choisi Joseph Kabila parce qu’il est l’homme du respect de la parole données. Je ne me souviens pas, en effet, d’un engagement politique majeur pris par le Président Joseph Kabila qui ne soit pas réalisé ou respecté.
Joseph Kabila n’est pas l’homme à mener le combat du grand retour vers un passé que les Congolais voudraient oublier pour écrire les belles pages de leur propre histoire…. seuls face à leur conscience pour concrétiser la prophétie de Patrice Emery Lumumba.
Joseph Kabila est l’homme qui convie son Peuple au rendez-vous de l’espérance. Il aura ainsi le grand mérite de sortir le Congo de la société de la peur et du doute, pour le propulser dans les hautes sphères du développement, du progrès et de l’espoir.
Je porte mon choix sur Joseph Kabila, non seulement pour son bilan largement positif… mais aussi en ce qu’il a une vision claire du Congo de demain.
(Vital Kamerhe. Extrait du livre « Pourquoi j’ai choisi Joseph Kabila », page 104)
Joseph Kabila a légué à son successeur un Etat opérationnel (qu’il avait repris en quasi-inexistence) avec tous les services fonctionnels et les ressources nécessaires qui ont d’ailleurs permis le lancement instantané du Programme des 100 jours à hauteur de 497 millions de dollars américains sans aucun endettement. Quel que soit le degré de haine contre Joseph Kabila, le minimum de rectitude intellectuelle et morale impose de reconnaître les prouesses, inégalées dans l’histoire de la RDC, réalisées sous son mandat.
(Néhémie Mwilanya. Extrait de la Page 24 de son livre « La République démocratique du Congo sous Joseph Kabila : Devoir de mémoire »)
Charles Mapinduzi