Le mardi 2 avril dernier, la cité de Mangina, à une vingtaine de kms de la ville de Beni (Nord-Kivu) était à feu et à sang. Les terroristes ADF réputés être les mangeurs d’hommes dans la contrée ont attaqué l’agglomération dans l’avant-midi et ont ciblé des civils et des maisons.
La société civile de la place a alors dressé un bilan de 10 morts, des personnes enlevées, des habitations incendiées et pillées ainsi que l’hôpital de Mangodomu brûlé.
« Nous le personnel soignant de l’hôpital de Mangodomu, nous étions la cible de l’ennemi. Lorsqu’il est arrivé, la pharmacie, la comptabilité voire la chambre où restent souvent les médecins ont été plus visées par l’ADF », a expliqué un médecin à Mangodomu qui s’est sauvé de justesse.
Mais, après le forfait, les assaillants se sont échappés, même si l’armée a affirmé que quelques-uns d’entre eux ont été neutralisés.
Les forces vivent ont alors déploré le fait que les services de sécurité n’ont pas tenu compte de leurs alertes sur l’intensification du mouvement des terroristes autour de Mangina et dans des agglomérations environnantes.
« Nous avons alerté sur la présence des rebelles près de la commune de Mangina, cela fait plus d’une semaine. Mais, nos alertes n’ont pas été prises en considération par les services de sécurité. Voilà aujourd’hui, l’ennemi arrivé jusque dans le centre de Mangodomu, tue des civils, enlève d’autres et incendié des biens de la population aux yeux de tout le monde. Et, demain, on va dire que la population ne collaboré pas avec les services de sécurité« , a réagit, à la presse, le président de la société de la place.
Mais, en réaction, l’administrateur militaire du territoire de Beni a surpris. Charles Omeonga a clairement affirmé qu’il n’a pas tenu compte des alertes de la population parce qu’il pensait qu’elles étaient « des poissons d’avril », de fausses alertes.
« Nous ne comptons pas simplement sur les alertes. Vous savez, il y a 2 ou 3 jours, c’était la journée du poisson d’avril. Alors, quand on reçoit d’autres alertes qui détournent la mission de la force, croyez-vous qu’on peut tenir seulement de ces alertes là? Nous avons nos services de sécurité, nous avons nos services des renseignements. Ils sont là pour ça », a-t-il dit.
Mais, cette position ne passe pas dans l’opinion surtout à ce moment où les ADF semblent reprendre leurs anciens bastions autour de grandes agglomérations à Beni.
Il y a peu, une vingtaine de civils ont été abattus en pleine ville de Beni alors qu’on estimait que cette entité était déjà bien épargnée par les attaques.
Charles Mapinduzi