Une décennie et demie après sa démission, mieux, son éviction du perchoir de l’Assemblée nationale, Vital Kamerhe est de retour au poste dont il a toujours rêvé. Avant d’en arriver là, il a dû batailler de toutes ses forces et de toute son âme, contre vents et marées. Il y a peu, le dimanche 19 mai, il a été ciblé par un gang qui a essayé d’attenter à sa vie.
À la tête de la Chambre basse, VK veut jouer ses cartes. Après avoir raté l’occasion de prendre la tête du pays en 2011, car arrivé 3e à la présidentielle après Joseph Kabila et Étienne Tshisekedi, le fondateur de l’UNC a espéré qu’en 2024, il succéderait à Félix au regard de l’accord CACH signé à Nairobi.
Malheureusement, les évènements ne se sont pas déroulés comme prévus. A la place d’être premier ministre entre 2019 et 2023, Vital Kamerhe n’a été que directeur de cabinet du chef de l’Etat puis vice-premier ministre de l’Economie nationale.
Mais, au cours de la même période, une tâche d’huile qui le colle à la peau jusqu’à ces jours s’est interposé, de sorte que son image a irrémédiablement été salie : le procès dit de 100 jours.
Accusé d’avoir détourné plus de 50 millions de dollars alloués à ce programme présidentiel, le nouveau président de l’Assemblée nationale n’a jamais réussi à s’en sortir. Après les 2 ans passés derrière les barreaux, bien qu’acquitté par la justice congolaise, Vital Kamerhe passe dans l’opinion comme « le voleur » des deniers publics à qui le peuple refuse de pardonner.
Passé également au ministère de l’Economie alors que la situation du pays était intenable en ce qui est du panier de la managère, VK n’a pas réussi à relever le défi alors que nombreux citoyens espéraient vivre du changement.
Les facteurs sus-évoqués l’éloignent inéluctablement de la présidence de la République. A l’annonce de sa candidature à une présidentielle, les Congolais n’hésiteraient pas à la passer au pigne fin, de bout à comble et à juger Vital Kamerhe avant même les élections à proprement parler. Le fondateur de l’UNC en est pleinement conscient.
Sa bataille pour le perchoir de l’Assemblée nationale est donc pour lui une occasion de faire amende honorable. Réputé un des meilleurs présidents que la Chambre basse n’ait jamais connu, Vital Kamerhe a réussi à décrocher à nouveau le poste qu’il sait assumer mieux.
De ces nouvelles fonctions, le natif de Walungu devra tenter de mener son jeu pour prouver aux Congolais qu’ils peuvent toujours conter sur lui. Il est conscient que d’ici 2028, Félix Tshisekedi sera fin mandat et l’Union sacrée devrait se trouver un dauphin, celui qui aura le plus marqué l’histoire politique du pays au cours du quinquennat.
Pour Vital Kamerhe, c’est donc une dernière chance de faire ses preuves en prélude des joutes électorales à venir. Non seulement, mais aussi avoir assez d’influence au sein du pouvoir, être de ceux qui prennent les décisions, compter parmi ceux qui influencent la vie politique de la nation. Également, une occasion pour VK d’amasser de nouveaux revenus qui lui permettraient éventuellement de s’engager même en solo dans une campagne électorale au cas où Félix Tshisekedi choisirait un autre acteur comme dauphin.
Mais, peut-être que la tâche ne sera pas facile. Car, en face, l’UDPS qui promet de garder le pouvoir jusqu’au retour du Christ pensera à préparer la succession de Félix Tshisekedi si ce dernier ne tente de s’accrocher en modifiant la constitution.
Il est ainsi évident que dorénavant, le parti au pouvoir prendra Vital Kamerhe comme un adversaire de taille dont il faudra couper les ailes avant qu’il ne vole plus haut. Avec les ambitions présidentielles démesurées du nouveau président de l’Assemblée nationale, l’UDPS se sent sans aucun doute menacée et n’acceptera que personne ne marche sur ses plates-bandes.
Charles Mapinduzi
