Plus de 60 ans après son accession à sa souveraineté nationale et internationale, la République démocratique du Congo tarde à se relever de ses cendres. Toujours trébuchant, et comme la plupart des nations africaines, le pays est confronté à 2 tristes réalités qui freinent son élan : la mauvaise gestion et le néocolonialisme occidental, des fléaux majeurs qui ne cessent d’agenouiller la République. Au lieu que les richesses du pays profitent véritablement à ses propres enfants comme le préconisait Lumumba, rien de tel ne s’est produit jusqu’à aujourd’hui, de sorte que le peuple croupit toujours dans la misère.
Comme a chanté l’Ivoirien Tiken Jah Fakoly, « ils se sont partagés le monde », il découle aujourd’hui que les richesses du pays profitent largement à une minorité, au détriment de l’ensemble du peuple congolais. Il y a d’un côté, le néocolonialisme. En effet, l’Occident n’a jamais réalisé le fait d’avoir précipitamment quitté l’Afrique lors des indépendances étant donné les ressources que contiennent le sol et le sous-sol du continent noir.
Bien que parties, les métropoles n’ont pas arrêté d’envier les richesses qui leur ont permis d’exploser leur économique et de les mettre sur la voie du progrès et du développement. Ainsi sont-ils partis en laissant une longue main qui leur sert de loin. Cela étant, l’Occident agit soit par des personnes interposées que Frantz Fanon a décrit comme des hommes à la peau noire mais au masque blanc. Il recourt également aux méthodes peu orthodoxes, à l’instar de l’insécurité, le pillage ou encore le braconnage. Il passe également par des pays voisins qui ont facilement accès aux portes poreuses de la RDC.
Les États voisins sont un autre axe qui bénéficie des ressources du pays. S’il faut l’illustrer, le Rwanda et l’Ouganda en premier. Même s’ils servent de porte d’entrée aux multinationales et aux grandes puissances, ces nations se gavent également des revenus congolais. C’est pourquoi il ne serait pas étonnant d’apprendre que le Rwanda est premier producteur mondial du coltan alors qu’il n’en produit pas ou qu’il raffine de l’or alors que c’est le Congo qui est la réserve incontestable de la matière. L’économie de ces États dépend donc étroitement des ressources de la RDC qu’ils déstabilisent pour réussir à le traire jusqu’au sang.
Le 3e acteur est constitué des gouvernants et des dignitaires du pays. Au départ, ils sont élus pour changer la vie de leurs compatriotes, pour placer le pays sur l’orbite du développement. Malheureusement, en accédant au pouvoir, ils désertent l’idéal et se transforment en de vrais mercenaires au service d’eux-mêmes et de l’étranger. Le peuple et le pays qui attendaient beaucoup d’eux assistent impuissamment à la mise en sac du trésor public de sorte que certains dirigeants deviennent plus riches que l’Etat lui-même, s’il faut dire. Malheureusement, ce genre de gouvernance remonte à l’indépendance du pays. Des régimes se sont succédé au sommet de l’Etat mais la donne n’a guère changé. Tous ont trempé dans l’enrichissement illicite, la corruption, les détournements, la concussion, etc.
Le 4e pôle est celui des groupes armés. Face à la désorganisation politique et la défaillance de l’Etat, des centaines de groupes armés se sont constitués dans plusieurs provinces de l’Est. En l’absence de l’autorité de l’Etat, ils se sont établis en maîtres en pensées et dictent leurs lois aux citoyens. Affolés par des contrées minières, ils les envahissent et les exploitent en leur guise au détriment du trésor public. Certains d’entre ces milices sont stratégiquement créées, d’une part par le bloc occidental, soit par des pays voisins ou encore par des responsables étatiques qui y tirent des dividendes économiques.
Charles Mapinduzi
