La réalité est en train de rattraper Jean-Pierre Bemba et son MLC. Après avoir été en première zone de défense pour soutenir la fraude électorale qui a permis à Félix Tshisekedi de se maintenir au pouvoir à l’issue des élections du 20 décembre dernier, la famille politique de l’ex-chef rebelle est aujourd’hui dans la rue.
Qui l’aurait donc cru? On se souvient que pour salir l’image de l’opposant Moïse Katumbi, Jean-Pierre Bemba en personne a inventé une infox selon laquelle des Russes tenteraient de saboter les scrutins pour faire élire l’ancien gouverneur du Katanga.
Une littérature développée pour plaire à Félix Tshisekedi et monter les Congolais contre le candidat no 3 à la dernière présidentielle.
Mais, aujourd’hui, c’est le MLC qui est dans la rue pour dénoncer la fraude et pour dénoncer la Commission électorale nationale indépendante (CENI), elle qui, pourtant, a été l’actrice majeure pour voler les voix de l’opposition.
On n’est ainsi tenté de dire que le jeu auquel se livre le MLC est paradoxal. Car, quand les opposants critiquaient la partialité de Denis Kadima et son équipe, il était le plus grand défenseur du régime. Aujourd’hui, que la même CENI décide d’appliquer la même méthode contre le même parti politique membre de l’Union sacrée, ce dernier grogne, hurle et pense à incendier Kinshasa.
En effet, depuis la proclamation des résultats aux législatives nationales, le parti de Bemba est dans la rue, dans la capitale congolaise : pneus brûlés par ici, feu allumé par là, destruction méchante notée et pillage enregistré par ailleurs.
A l’unanimité, les partisans du ministre de la Défense sont maintenant d’accord que Kadima n’est pas sérieux et qu’il doit dégager. Ils l’accusent ouvertement d’avoir organisé une fraude qui les empêche de rafler les sièges au Parlement.
« Kadima bouge! », lit-on sur certains calicots qu’ils ont brandis.
« Comment expliquer qu’un parti comme le MLC de Jean-Pierre Bemba, dans tout Kinshasa, puisse n’avoir que 3 députés? Ça se fait où ? Par exemple, quelqu’un qui est sorti avec 21 mille voix mais qui n’est pas élu. Ça se fait où ? », s’est interrogé un militant du MLC devant le siège du parti sur l’avenue Enseignement, à Kinshasa ce mercredi 17 janvier.
Ainsi, au regard de la situation, loin de la menace que les opposants feraient peser sur le pouvoir, l’Union sacrée est elle-même une bombe à retardement. D’ici quelques matins, il n’est pas exclu que le bateau chavire et que ceux qui ont été membres de l’Union sacrée soient les premiers à dénoncer les manoeuvres du pouvoir en place qui ne favorisent pas l’avènement de la vraie démocratie.
Charles Mapinduzi