L’inquiétude s’accroît de plus en plus au Nord-Kivu suite à la progression du M23 sur le terrain. Des entités qui étaient pourtant garnies sont en train de passer sous son contrôle, parfois sans beaucoup d’efforts.
Le jeudi 30 mai dernier a particulièrement été agité dans une partie du territoire de Lubero. Peu avant, des alertes sur le débordement de l’ennemi ont été relayées mais l’espoir est resté intact, parce que la cité de Kanyabayonga, limite entre les territoires de Lubero et Rutshuru, grouille des militaires congolais.
Cependant, la soirée a été tumultueuse. Des chars et des blindés FARDC ont progressivement commencé à quitter l’entité, prenant la direction de Kirumba, à quelques kilomètres. Ceci est aussitôt passé comme un signal que les assaillants progressaient, même si dans la journée, ils étaient à au moins 15 kilomètres.
Des populations ont alors fui la cité, essayant de rejoindre les villages un peu plus lointains. Mais, d’autres ont carrément choisi de rester, car n’ayant nulle part où à aller. Car, Kanyabayonga était jusqu’ici l’une des cités de refuge où étaient assemblées des centaines des déplacés qui fuyaient les combats à Rutshuru.
Dès lors que le front se rapproche, les 35.000 ménages qui étaient accueillis ne savent plus à quel saint se vouer. Jusque dans la soirée du jeudi dernier, l’ennemi était alors signalé à 5 kms seulement de l’importante cité de Kanyabayonga.
Le matin de ce vendredi, même si un important équipement FARDC a pu être déplacé, les assaillants ne sont pas encore dans l’entité même si celle-ci est désormais très vulnérable.
Toutefois, une source indépendante rassure encore :
« Ce matin, il y a des troupes FARDC qui sont massivement visibles à Kanyabayonga et qui prennent la direction des lignes de front. C’est calme dans la cité, totalement sous contrôle de l’armée », dit-elle.
Mais, au regard de l’évolution de la situation, de ressortissants du Nord-Kivu, victimes de cette guerre interminable, plaignent la politique sécuritaire de Félix Tshisekedi.
Ils estiment qu’il y a beaucoup de légèreté et d’indifférence dans la gestion du conflit, qu’on risque de s’en rendre compte trop tard.
« Donc, les 5 années passées ne nous enseignent toujours rien? Dans un pays qui fait face à plusieurs agressions des pays voisins, peut-on confier la politique sécuritaire et de la défense à des novices », s’interroge un originaire du Nord-Kivu, faisant allusion à la récente sortie du gouvernement Suminwa.
D’autres conseillent au chef de l’Etat de revoir sa stratégie et les voies de sortie qu’il a mises en place, étant donné leur faibles résultats.
« Que Félix Tshisekedi se débarrasse des populistes qui sont autour de lui et qui lui fournissent de fausses données pour continuer à lui soutirer du sou. Qu’il permette aux enfants du Nord-Kivu de s’asseoir et de revenir vers lui avec des propositions concrètes et qu’il ait l’audace de les appliquer. S’il n’écoute pas, ça sera tard, la situation n’est pas bonne », a commenté un autre.
A noter que le même jeudi, d’autres intenses offensives ont opposé les 2 parties dans le Masisi, prêt de Sake. Le groupe armé pro-rwandais a largué des bombes sur la cité. Les troupes gouvernementales appuyées par la SADC ont réagi pour repousser les assaillants.
Mais, des sources sur place qui se sont livrées à Partisan-rdc.net ont rapporté que les soldats de la force régionale (SAMIRDC) sont tombés dans une embuscade du M23 vers Kimoka.
Au moins 6 d’être eux ont été pris en otage par l’ennemi, certains de leurs véhicules saisis et d’autres brûlés. Jusqu’ici, les officiels n’ont encore rien dit sur la question.
Charles Mapinduzi